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Louis Philippe Houndégnon appelle à réexaminer la fusion police-gendarmerie : “Quand il y a échec, il faut reconnaître qu’il y a échec”

Sécurité, BéninL’ancien Directeur général de la Police nationale du Bénin, Louis Philippe Houndégnon, critique ouvertement la fusion entre la Police et la Gendarmerie, une réforme phare du gouvernement de Patrice Talon, qu’il juge être un échec. Lors d’une interview accordée à Matin Libre et Reporter Médias Monde, Houndégnon livre son analyse et appelle à une réévaluation urgente de cette initiative.

Une réforme défaillante

Selon Houndégnon, la fusion tant célébrée par le Ministre de l’Intérieur, Alassane Seidou, n’a pas atteint ses objectifs. “Lorsque le Ministre Alassane Seidou l’a dit, il m’a fait sursauter de rire parce qu’il ne faut pas refuser de voir la vérité en face”, lance-t-il. Il dénonce un manque de préparation et une mauvaise gestion de la mise en œuvre de cette réforme, tant sur le plan managérial que juridique.

Des disparités non résolues

En 2015, alors Directeur de Cabinet au Ministère de l’Intérieur, Houndégnon avait proposé une approche progressive et structurée pour la fusion, visant à mutualiser les ressources tout en respectant les spécificités des deux corps. Toutefois, la mise en œuvre actuelle n’a pas suivi cette logique. “Ce qui a manqué à la vision aujourd’hui, c’est tout juste que l’expertise jurisprudentielle a échappé aux organisateurs de la fusion”, explique-t-il.

Impact sur le personnel et les ressources

Les conséquences de cette fusion mal conçue sont multiples. Les disparités entre les statuts des policiers et des gendarmes n’ont pas été corrigées, créant des frustrations et des injustices. “La norme statutaire la plus favorable, c’est la norme gendarmique”, précise Houndégnon, soulignant que cette norme aurait dû être adoptée pour harmoniser les conditions des personnels des deux forces.

En outre, la gestion des équipements et des biens immobiliers reste floue. “Où sont passées les armes de l’ex-gendarmerie ? Qui en a fait le recensement ?”, s’interroge Houndégnon, déplorant l’absence de transparence dans la gestion des ressources.

Un appel à la réforme

Face à ces constats, Houndégnon exhorte le Président Patrice Talon à réexaminer cette réforme. “Les policiers ne sont pas contents, les gendarmes non plus. Je suis parmi eux et je les écoute tous les jours”, affirme-t-il. Il insiste sur la nécessité de reconnaître les échecs pour pouvoir avancer et appelle à une réforme plus inclusive et transparente.

Houndégnon conclut en soulignant l’importance de dire la vérité, même lorsqu’elle est dérangeante. Citant Albert Camus, il rappelle que “la noblesse de notre métier doit s’enraciner dans le refus de mentir sur ce que l’on sait et la résistance à l’oppression”. Pour lui, la reconnaissance de l’échec est le premier pas vers une réforme réussie et durable. “Quand il y a échec, il faut reconnaître qu’il y a échec. C’est pourquoi il faut réexaminer la réforme” insiste t-il tout en appelant à une loyauté accrue des hauts gradés de la police et de l’armée envers le chef de l’État Patrice Talon.

Cet entretien met en lumière les défis et les lacunes de la fusion Police-Gendarmerie, ouvrant la voie à un débat essentiel sur la sécurité intérieure au Bénin. Affaire à suivre.

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