Décentralisation, Bénin – À la fin du premier semestre 2024, l’épargne brute des communes du Bénin a connu une forte baisse. Cette épargne, qui permet de financer les projets importants comme les routes et les écoles, a chuté de 37,8% par rapport à l’année dernière, compromettant les futurs investissements locaux.
L’épargne brute des communes est un indicateur important. Elle montre la capacité des communes à économiser après avoir payé leurs dépenses courantes. Si cette épargne diminue, cela signifie moins de ressources pour financer des projets essentiels. Avec une telle baisse, beaucoup de ces projets risquent d’être retardés ou annulés.
Une épargne brute en baisse à fin juin 2024
Les chiffres publiés par la Direction de la Production des Comptes Publics révèlent qu’à la fin juin 2024, l’épargne brute des communes béninoises s’élève à 17,78 milliards de FCFA, contre 28,59 milliards de FCFA un an plus tôt. Cette diminution de 37,8% montre que les communes ont du mal à rassembler assez d’argent pour épargner, car elles peinent à collecter suffisamment de recettes tout en maîtrisant leurs dépenses.
Malgré cette baisse générale, les communes ordinaires s’en sortent mieux que les autres types de communes. Elles ont réussi à économiser une part importante de l’épargne brute nationale, ce qui témoigne d’une meilleure gestion de leurs finances.
D’après les chiffres, le département des Collines a augmenté son épargne brute de 69% pour atteindre 1,63 milliard FCFA à fin juin 2024. De son côté, la Donga a vu son épargne grimper de 83%, atteignant 1,40 milliard FCFA. Le département du Couffo, lui, a enregistré une légère hausse de 2%, avec une épargne de 1,81 milliard FCFA.
Des écarts entre les régions
Les différences entre les régions sont frappantes. Les départements de l’Atlantique, du Littoral et de l’Ouémé, qui sont habituellement les plus dynamiques, ont vu leur épargne brute chuter de manière drastique. Le Littoral, avec la ville de Cotonou, a enregistré une baisse de 72%, atteignant seulement 2,51 milliards FCFA. L’Atlantique a vu son épargne brute baisser de 51%, avec 2,53 milliards FCFA, tandis que l’Ouémé a connu une baisse de 30%, avec 2,14 milliards FCFA à la fin juin 2024.
Cependant, certaines communes ont su résister à cette tendance en venant en tête des communes qui ont dégagé plus d’épargne brute au premier semestre 2024. En dehors de Cotonou(2,1 milliards FCFA), les communes de Ouidah et de Sèmè-Podji ont économisé 650 millions FCFA chacune. Ces communes montrent qu’il est encore possible de bien gérer les finances locales malgré les difficultés actuelles.
Des recettes fiscales en forte baisse
En plus de l’épargne brute qui diminue, les recettes fiscales qui sont la principale source de revenus des communes ont aussi fortement baissé. À la fin du premier semestre 2024, les communes ont collecté seulement 5,08 milliards FCFA, soit une chute de 53,27% par rapport aux 10,87 milliards FCFA collectés en 2023 à la même période.
Les communes à statut particulier ont été les plus touchées, ne collectant que 10% des recettes fiscales attendues, ce qui représente une baisse de 60,51%. Les communes intermédiaires ont mobilisé 20,94% de leurs recettes fiscales, mais cela reste bien inférieur aux objectifs fixés, avec une baisse de 53,61% par rapport à l’année précédente. Quant aux communes ordinaires, elles ont collecté 1,57 milliard FCFA sur les 5,76 milliards FCFA attendus, soit 27,30%, contre 2,47 milliards FCFA à fin juin 2023.
Des dépenses de fonctionnement insuffisamment exécutées
Les communes ont réalisé une exécution partielle des dépenses de fonctionnement, qui comprennent notamment le paiement des salaires des fonctionnaires ainsi que les achats de biens et services. À la fin du mois de juin 2024, elles avaient exécuté seulement 12,87% de ces dépenses, soit 11,45 milliards de FCFA sur les 88,92 milliards prévus pour l’année. Ce résultat représente une diminution de 23,42% par rapport à l’année précédente. Bien que les salaires des fonctionnaires aient été réglés à hauteur de 5,32 milliards de FCFA, les achats de biens et services, pourtant essentiels au bon fonctionnement des administrations, n’ont atteint que 6,86% des prévisions, enregistrant une baisse de 31,76% par rapport à 2023.
Les chiffres à fin juin 2024 montrent clairement que l’épargne brute des communes béninoises est en chute libre, tout comme leurs recettes fiscales et leurs dépenses de fonctionnement. Cette situation pourrait ralentir les investissements locaux et rendre plus difficile la mise en œuvre de projets essentiels pour les citoyens. Les mois à venir seront déterminants pour voir si les communes peuvent inverser cette tendance et améliorer leur gestion financière.