Diplomatie, Bénin – La commémoration des 79 ans de l’Organisation des Nations unies (ONU) a rassemblé, vendredi dernier à Cotonou, une large audience de diplomates, de responsables publics, d’acteurs du secteur privé et de la société civile. C’était sur invitation de la Coordonnatrice résidente du Système des Nations unies au Bénin, Aminatou Sar, et en présence du ministre béninois des Affaires étrangères, Olushegun Adjadi Bakari.
À cette occasion, le ministre Bakari a dressé un bilan honnête, mais sans complaisance, des défis actuels du multilatéralisme et a réaffirmé l’engagement du Bénin en faveur d’une réforme ambitieuse de l’ONU.
Lors de son discours, le premier responsable de la diplomatie béninoise a souligné que cet anniversaire est un moment de « célébration » certes, mais aussi « d’examen et de réévaluation » de l’efficacité des Nations Unies face aux défis mondiaux contemporains. « Nous devons nous poser des questions essentielles sur ce qu’est le multilatéralisme et aussi répondre aux questions que se pose notre jeunesse aujourd’hui », a-t-il déclaré, rappelant ainsi l’importance de rendre ce système plus accessible et plus transparent pour les jeunes générations qui attendent des résultats concrets.
Multilatéralisme de résultats : le choix du Bénin
Au-delà de l’introspection, le ministre Bakari a exprimé la position résolue de l’actuel gouvernement en faveur d’un multilatéralisme d’actions et de résultats tangibles. En observant l’échéance imminente de 2030 pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD), Bakari n’a pas hésité à faire un constat sans ambiguïté : « À cinq ans de 2030, […] c’est un aveu d’échec collectif ». Reconnaissant les lacunes actuelles, il a cependant appelé les États membres à dépasser ce bilan négatif pour se projeter dans l’avenir et éviter que les futurs engagements ne se réduisent à « de simples slogans ».
Pour le ministre, un multilatéralisme pertinent doit s’ancrer dans des actions concrètes, soutenues par une « diplomatie préventive » capable de créer un climat de paix et de favoriser l’accélération des ODD. En ce sens, le Bénin milite pour une ONU où les décisions prises conduisent à des résultats palpables sur le terrain.
L’égalité des nations en question : vers une réforme du Conseil de sécurité
Dans son plaidoyer pour un multilatéralisme juste, le ministre Bakari a mis en avant une réforme essentielle du Conseil de sécurité. Il a qualifié le droit de veto de « frein » à l’équité et a estimé qu’aussi longtemps que ce privilège demeurera, la représentation des nations africaines, même augmentée, ne serait que symbolique, « Tant que le droit de veto sera en place, même si l’Afrique a cinq places ou dix places au Conseil de sécurité, ça ne servira à rien ». Cette prise de position reflète un sentiment partagé par de nombreux pays émergents qui estiment que l’ONU doit s’adapter aux réalités géopolitiques actuelles, où les intérêts des pays en développement méritent un poids réel dans les décisions mondiales.
Selon le patron de la diplomatie béninoise, l’abandon du veto est une condition sine qua non pour promouvoir « un système multilatéral dans lequel le consensus devient la nouvelle règle et la nouvelle norme ». Un tel changement structurerait un Conseil de sécurité basé sur l’égalité des nations, ouvrant ainsi la voie à des décisions collectives plus justes et inclusives.
En appui à sa proposition, le ministre Bakari a appelé de ses vœux une ONU qui reflète réellement les aspirations des peuples du monde entier, loin des intérêts particuliers des grandes puissances. « Le multilatéralisme est mis à l’épreuve et il est important que l’ONU se réforme pour répondre aux aspirations des peuples », a-t-il insisté, rappelant que l’un des défis les plus pressants de cette organisation est de rester fidèle à sa mission initiale de maintien de la paix et de la sécurité, tout en intégrant les enjeux du développement durable et de la justice sociale.