Justice, Bénin –Le mercredi 13 novembre 2024, peu après 20h, l’arrestation de l’ancien directeur général de la Police nationale, Louis Philippe Houndégnon, a éclaté sur les réseaux sociaux et a été reprise dans plusieurs articles de presse. Si les autorités judiciaires n’ont pas encore publié de déclaration officielle, des proches du général ont confirmé son interpellation.
D’après les informations recueillies par notre source locale, c’est peu après 20h que des éléments de la Police républicaine, “identifiés à travers le véhicule et l’uniforme”, ont encerclé la résidence du l’ex directeur général de la police nationale (dgpn) Louis Philippe Houndégnon, récemment mis à la retraite de manière anticipée. L’interpellation aurait suivi quelques “coups de fil” avant que les agents ne pénètrent dans le domicile. Contrairement à ce qui devrait être une interpellation musclée, le général “s’est présenté sans résistance malgré l’absence de convocation préalable”, et a accepté une fouille de son domicile, “une perquisition souhaitée par le chef des policiers envoyés en mission”.
Si les motifs de son arrestation restent flous, certains proches du général pointent du doigt la liberté de ton et les prises de position publiques de l’ex dgpn Louis Philippe Houndégnon. Pour eux, “il a été interpellé parce que ses fréquentes sorties aussi bien sur les réseaux sociaux que dans les médias dérangent le pouvoir en place”.
Un homme prévenu et prévoyant
Le 12 novembre 2024, la veille de son interpellation, Louis Philippe Houndégnon déclarait dans une interview sur la chaîne YouTube BeAfrica : “J’ai appris par des rumeurs, et non par mes propres services, qu’il y aurait un projet d’arrestation à mon encontre. Mais arrêter quelqu’un ne résout pas le problème. Ce serait un acte puéril.” Conscient des risques, il rappelait que ses positions critiques sur les politiques actuelles avaient pour effet de “faire enracin[er] davantage les opinions critiques contre ce régime”. Citant l’homme politique Léon Gambetta, il ajoutait : “Les opinions sont comme des clous : plus vous les frappez, plus elles s’enracinent.”
Depuis sa mise à la retraite forcée, l’ancien patron des flics s’était fait un devoir de pointer du doigt les dérives qu’il observe au sein de la Police républicaine. Lors de ses interventions, il a notamment dénoncé la fusion de la police et de la gendarmerie, critiqué la limitation de la liberté d’expression, et exprimé son inquiétude face aux arrestations d’opposants politiques. À présent que le général est lui-même sous le coup de cette répression, ces proches y voient une tentative d’intimidation destinée à faire taire une voix de plus.
Une menace sur la vie du général ?
Quelques heures après son arrestation, le cabinet du général Philippe Houndégnon publiait un communiqué préoccupant, décrivant la situation comme une “attaque en cours contre le Général Louis Philippe Houndégnon”. Ce document alarmant, signé par le directeur de cabinet Dr Bio Dogo Worou, évoque un “risque d’assassinat imminent”. Le cabinet affirme qu’un “commando armé a pénétré illégalement dans sa résidence en escaladant les murs”, et appelle les autorités ainsi que la communauté internationale à réagir. Dans un appel à la mobilisation générale, le cabinet conclut : “Nous en appelons à une mobilisation immédiate pour que cessent ces agissements qui menacent non seulement la vie du Général, mais également la paix et la stabilité du pays.”
Le communiqué souligne le rôle de l’ancien directeur général de la police nationale en tant que “défenseur de la Constitution et des libertés du peuple béninois”, et tient pour responsables “les auteurs de cette attaque, ainsi que toutes les autorités impliquées” des conséquences de cette agression.
Une affaire révélatrice d’un contexte politique tendu
L’arrestation de Philippe Houndégnon est bien plus qu’un simple événement judiciaire ; elle illustre les tensions croissantes entre le pouvoir en place et ses détracteurs. Ancien haut cadre de la Police républicaine, Philippe Houndégnon s’est imposé comme une figure critique depuis son départ forcé de la police républicaine. Ses prises de position et ses interventions publiques ont fait de lui une figure emblématique, pourfendeur des restrictions imposées aux libertés d’expression et politique.
Aujourd’hui, l’attente est insoutenable pour les proches et les sympathisants du général Houndégnon, qui guettent des explications officielles. Le pouvoir en place maintiendra-t-il un silence assourdissant ou dévoilera-t-il enfin les motivations de cette arrestation ? À suivre.