Gouvernance, Bénin – Dissoute par décret n°2023-613 du 29 novembre 2023, l’Agence béninoise d’électrification rurale et de maîtrise d’énergie (ABERME) a récemment fait l’objet d’un examen minutieux dans le cadre de l’audit des marchés publics pour l’année 2021. Ce rapport, conduit par le cabinet NIMADEN L. Expertises SARL, révèle des irrégularités graves, parmi lesquelles la disparition de matériel d’une valeur totale avoisinant 3 millions de FCFA.
Entre failles de gestion, défauts de traçabilité et absence de justificatifs financiers, le constat est accablant pour cette agence désormais en liquidation.
Des kits de branchement conformes mais introuvables
Le cas le plus préoccupant concerne l’acquisition de 2415 kits de branchement, incluant des compteurs de marque WASION et des coffrets JUNWEI ELECTRIC, confiée à EBELECT SARL pour un montant de 155 883 420 FCFA, financé par le Fonds d’électrification rurale. Les auditeurs ont confirmé que les équipements livrés étaient conformes aux spécifications techniques, mais l’inventaire réalisé le 9 août 2022 a révélé une disparition inexpliquée de 44 kits, estimés à 2 853 927,81 FCFA.
À cela s’ajoutent 21 kits endommagés, toujours entreposés au magasin de l’ABERME. Bien que les 2350 kits restants aient été sortis avec des bons validés, les disparitions signalées traduisent des failles majeures dans la gestion des stocks.
Travaux réalisés mais des recommandations laissées en suspens
L’audit s’est également penché sur les travaux de réhabilitation du réseau électrique de Tori-Cada, attribués à SOCIÉTÉ EYI TOKPE pour 44 793 950 FCFA, également financés par le Fonds d’électrification rurale. Les auditeurs, lors de leur visite le 13 février 2024, ont constaté que les travaux étaient bien réalisés et en bon état de fonctionnement.
Cependant, la réception provisoire a révélé des réserves importantes, toujours non levées à ce jour. L’entrepreneur doit encore corriger les valeurs des terres de masse et remplacer le compteur d’énergie du coffret EP par celui de la SBEE, comme stipulé dans le contrat. Ces omissions retardent la réception définitive et soulignent une fois de plus l’insuffisance du suivi contractuel.
L’audit des services de numérisation et de réorganisation des archives de l’ABERME, mené au siège de l’agence, a montré que les prestations étaient bien exécutées et conformes aux termes du contrat. Pourtant, comme pour les autres marchés, les preuves de paiement n’ont pas été fournies. Cette absence systématique de documentation financière, constatée également dans le marché des études d’impact environnemental et social dans 23 localités, confié au Groupement AID SARL et GSK ESI SARL, entrave une évaluation transparente de la gestion des fonds publics.
Les disparitions de matériel, l’absence de pièces justificatives et les retards dans la levée des réserves traduisent une défaillance systémique dans la gestion des ressources publiques au sein de l’ABERME avant sa dissolution. Ces constats mettent en lumière la nécessité de réformes structurelles pour garantir une meilleure traçabilité et un contrôle accru des ressources publiques.