Politique, Bénin – Depuis son entrée remarquée au bureau politique du parti d’opposition Les Démocrates lors de leur premier congrès ordinaire, tenu les 14 et 15 octobre 2023, Chabi Yayi, fils de l’ancien président Boni Yayi, ne cesse d’attirer l’attention des observateurs politiques.
À l’approche des élections générales de 2026, son éventuelle candidature alimente les discussions tant au sein qu’en dehors du parti, notamment dans les 8e et 16e circonscriptions électorales. Pourtant, fidèle à une discrétion légendaire, il évite toute annonce précipitée et préfère se consacrer à la consolidation du parti. Enquête.
Un engagement sans réserve au service du parti
Au sein du parti Les Démocrates, sa légitimité ne repose pas uniquement sur son patronyme. Lors d’un entretien accordé à une radio internationale après le congrès d’octobre 2023, Éric Houndété, fraîchement élu premier vice-président du parti, rappelait que « porter le nom Yayi ne confère aucun privilège particulier ». Il ajoutait que seules l’énergie et les compétences mises au service du parti pouvaient justifier une ascension. Cette déclaration prend tout son sens à travers l’attitude qu’on observe chez Chabi Yayi, qui se distingue par un dévouement constant depuis son intégration au bureau politique. En tant que secrétaire aux relations extérieures, le fils Yayi s’illustre par un dynamisme constant.
Parmi ses récentes contributions, sa participation, au nom des Démocrates, à la convention mondiale de l’Alliance progressiste, tenue les 5 et 6 octobre 2024 à Santiago, illustre son engagement sur la scène internationale. « Il se bat pour que Les Démocrates puissent, au même titre que l’ANC, le PS sénégalais ou le NDC ghanéen, exister durablement, même dans dix ans », confie un ancien ministre et cadre du parti. Ce dernier, qui n’hésite pas à appeler Chabi Yayi l’héritier politique de son père, rappelle que ce sens des responsabilités a déjà conduit Chabi Yayi à renoncer à une candidature lors des législatives de 2023, préférant concentrer ses efforts sur la consolidation du parti.
Un parcours déjà bien étoffé
Bien qu’il soit aujourd’hui une figure montante, l’expérience électorale de Chabi Yayi remonte à plusieurs années. En 2015, il avait déjà brigué un mandat sous la bannière des FCBE dans la 16e circonscription. Cette aventure lui a permis de mieux appréhender les réalités du terrain et les enjeux stratégiques locaux.
Aujourd’hui, bien que ses activités professionnelles se situent à Tchaourou dans la huitième circonscription électorale (CEA Agrivital, une coopérative de production agricole et d’élevage) sa ville d’origine, il se dit prêt à intervenir là où le parti jugera sa présence utile. « Il n’a pas d’agenda personnel, il agit dans l’intérêt collectif », explique un proche collaborateur. Quant à savoir s’il défendra les couleurs du parti dans la 16e ou la 8e circonscription lors des prochaines échéances, rien n’est encore décidé, ajoute ce collaborateur proche. Cette incertitude, savamment entretenue, semble relever d’une stratégie soigneusement réfléchie.
Mais selon un grand ami de son père, contrairement à ce que l’on pourrait supposer, aucune discussion formelle n’a encore eu lieu entre Chabi Yayi et l’ancien président de la République Boni Yayi concernant les ambitions politiques du fils. Fidèle à une approche collective, l’ex-chef de l’État, aujourd’hui à la tête du parti Les Démocrates, préfère se concentrer sur des priorités stratégiques telles que la mobilisation des militants, la quête de transparence électorale et le renforcement de l’unité. « Et non seulement Chabi est informé, mais aussi tous les militants du parti. »
Rivalités potentielles ?
L’ascension de Chabi Yayi ne manque pas de susciter quelques curiosités internes. Présent dans la plupart des délégations et événements stratégiques du parti, il inspire à la fois admiration et appréhension. Certains élus actuels des 8e et 16e circonscriptions le considèrent comme un sérieux concurrent, bien que sans grande inquiétude apparente. « En 2026, nous aurons trois élections. Moi, député actuellement, il ne serait pas surprenant que je privilégie la mairie plutôt que de briguer un nouveau mandat à l’Assemblée », confie, sous couvert d’anonymat, un député élu dans la 16e circonscription électorale. Pour un autre, il ne « voit pas Chabi Yayi candidat à la députation à Cotonou, mais dans la huitième circonscription électorale… mais Chabi Yayi maire de Cotonou ? Pourquoi pas… ce serait même mieux, à l’image d’un autre fils d’ancien président de la République. » Malgré ces rivalités latentes, l’unité et la préparation restent les priorités affichées.
Chabi Yayi incarne une nouvelle génération de leaders politiques, alliant loyauté, engagement partisan et pragmatisme stratégique. À mesure que l’échéance de 2026 approche, son parcours suscite autant de questions que d’espoirs. Si sa stratégie semble privilégier l’intérêt collectif au détriment d’ambitions personnelles immédiates, il demeure néanmoins l’un des visages à suivre de près sur l’échiquier politique béninois.