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Bénin : Pourquoi l’ex-ministre Christian Lagnidé saisit la Cour sur l’éligibilité de Patrice Talon en 2026 ?

Politique, BéninLe débat sur l’avenir politique du Bénin s’intensifie alors qu’une requête officielle adressée à la Cour constitutionnelle par Christian Enock Lagnidé, ancien ministre et ancien conseiller spécial de l’ex président Mathieu Kérékou, remet en question deux sujets brûlants : l’éligibilité de l’actuel chef de l’État Patrice Talon pour l’élection présidentielle de 2026 et la possible entrée du Bénin dans une nouvelle République depuis 2019.

Ayant pour objet “Requête pour avis sur des questions constitutionnelles majeures” et datée du 24 janvier 2025, Christian Lagnidé soulève des interrogations qu’il estime fondamentales pour l’État de droit et la stabilité institutionnelle du pays.

Patrice Talon peut-il briguer un second mandat en 2026 ?

Au cœur de la requête de Christian Lagnidé se trouve une question capitale : les modifications constitutionnelles de 2019 permettent-elles à Patrice Talon de se représenter ? Selon le requérant, des « compatriotes » affirment que « les dispositions combinées des articles 42 et 157 alinéa 3 de la Constitution révisée » pourraient justifier cette candidature. Il s’agit notamment de déterminer si le cadre institutionnel actuel, issu de la révision de 2019, ouvre la voie à un second mandat présidentiel, malgré les limitations prévues par la Constitution initiale de 1990.

Christian Lagnidé s’avoue « profondément troublé par la cohérence des arguments » avancés par ces citoyens, qu’il considère comme « pertinents face à [sa] connaissance avérée » des mécanismes constitutionnels et électoraux. Sa démarche traduit une volonté d’éviter toute interprétation erronée des textes fondamentaux en vigueur.

Une nouvelle République depuis 2019 ?

La question de l’éligibilité de Patrice Talon est étroitement liée à une autre interrogation soulevée par l’ancien ministre : le Bénin est-il entré dans une nouvelle République après 2019 ? L’ex-promoteur de LC2 s’appuie sur plusieurs faits marquants pour nourrir ce débat. Tout d’abord, le changement de la structure présidentielle, désormais centrée sur un président et un vice-président élus conjointement. Ensuite, l’allongement du mandat des députés, passé de quatre à cinq ans, appliqué pour la première fois lors des législatives de janvier 2023. Enfin, l’absence d’une passation de pouvoir entre un président sortant et un président élu en 2021, ce qui constitue une rupture avec les pratiques institutionnelles antérieures.

D’après Christian Lagnidé, évoquant les propos de certains citoyens, ces transformations institutionnelles de 2019 « constitueraient une refonte structurelle de nos institutions et marqueraient un changement de République ».

Un devoir de clarification pour la Cour constitutionnelle

Dans sa requête, Christian Lagnidé insiste sur la responsabilité de la Cour constitutionnelle en tant que « garante de la Constitution » pour fournir un éclairage juridique sur ces points sensibles. Il rappelle également son propre parcours, marqué par plus de deux décennies au service de l’État, notamment aux côtés de l’ancien président Mathieu Kérékou. Cette expérience, selon lui, en fait un « témoin privilégié de l’histoire » politique et institutionnelle du Bénin.

« Par conviction et devoir, j’ai pris langue avec certains de ces compatriotes pour mieux comprendre leurs raisonnements et motivations », écrit-il, soulignant l’importance d’un débat constructif et éclairé pour préserver la transparence institutionnelle.

La réponse de la Cour constitutionnelle est attendue avec impatience, tant elle pourrait influencer l’avenir politique du pays. Elle devra notamment statuer sur deux questions majeures : le Bénin a-t-il basculé dans une nouvelle République en 2019, et Patrice Talon est-il éligible à un second mandat en 2026 dans ce contexte institutionnel ?

À travers sa requête, Christian Lagnidé rappelle l’importance de la transparence juridique et institutionnelle dans un pays où chaque interprétation de la Constitution peut avoir des répercussions profondes. En demandant à la Cour constitutionnelle de trancher, il invite à un débat national essentiel pour garantir la stabilité démocratique et institutionnelle du Bénin.

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