Politique, Bénin – Contrairement à d’autres localités où les députés et cadres du parti Les Démocrates ont été empêchés de tenir leurs rencontres avec les populations, la séance de reddition de compte dans la 11ᵉ Circonscription électorale s’est déroulée sans entraves le week-end dernier à Azovè, dans le département du Couffo.
Ce rendez-vous politique a permis aux responsables du parti d’échanger avec les citoyens sur des questions d’actualité nationale, notamment la préservation du pluralisme politique, les conditions des enseignants aspirants et l’impact du nouveau code électoral sur la vie démocratique du pays.
Un appel à la vigilance face à un possible retour d’un Parlement monocolore
Devant une foule attentive, Éric Houndété, Premier Vice-Président du parti LD, a dénoncé un risque de recul démocratique et mis en garde contre la reconstitution d’un Parlement sans opposition. Revenant sur l’épisode du législatif monocolore de 2019 à 2023, il a exhorté les populations à rester mobilisées pour éviter une situation similaire lors des prochaines élections générales de 2026. Parlant des conséquences d’un Parlement sans opposition, Éric Houndété a rappelé aux militants présents : « Nous ne devons plus jamais permettre cela ! », tout en dénonçant ce qu’il considère comme des manœuvres visant à réduire l’opposition au sein de l’hémicycle.
L’arrivée des 28 députés Les Démocrates en 2023 a, selon lui, modifié l’équilibre politique et permis de remettre en question certaines décisions gouvernementales. Il a donc invité les militants et sympathisants à renforcer l’unité de l’opposition et à élargir leur mobilisation en vue des prochains scrutins. Il a insisté sur la nécessité d’ouvrir les portes du parti Les Démocrates à tous ceux qui souhaitent défendre la démocratie contre toute tentative d’exclusion politique. « Qu’ils viennent d’autres formations politiques ou de la société civile, il y a de la place pour tout le monde ! », a-t-il affirmé.
Un plaidoyer pour les enseignants aspirants
Parmi les sujets abordés lors de son intervention, la situation des Aspirants au Métier d’Enseignant (AME) a également occupé une place centrale. Éric Houndété a dénoncé la précarité dans laquelle se trouvent ces enseignants, qui assurent les cours dans les écoles publiques depuis plus de six ans « sans véritable statut ni plan de carrière défini. »
« Le peuple veut des enseignants fiers de travailler dans les écoles », a-t-il déclaré, soulignant que la stabilité professionnelle des éducateurs est un facteur clé pour garantir une éducation de qualité. À l’image de la dernière annonce du gouvernement, il a plaidé pour une réforme visant à intégrer progressivement les AME dans la fonction publique, tout en leur assurant une meilleure reconnaissance sociale et salariale.
Un code électoral contesté
Autre point sensible abordé lors de la rencontre est le code électoral modifié en mars 2024, jugé inéquitable par les responsables du parti. Habib Oroukoubou, député LD, a vivement critiqué certaines dispositions, notamment l’article 146, qui impose un seuil de 20 % des suffrages par circonscription électorale pour accéder aux sièges au Parlement. « Une loi n’a pas vocation à être taillée sur mesure. Une loi est censée être impartiale, objective, mais le code actuellement en vigueur au Bénin ne respecte pas ces critères », a-t-il dénoncé, fustigeant une règle qui pourrait limiter la diversité politique et fausser la représentativité nationale.
À mesure que les échéances électorales de 2026 approchent, Les Démocrates entendent élargir leur base et rassembler au-delà de leurs militants traditionnels. Cette séance de reddition de compte s’inscrit dans une série de rencontres que le parti compte multiplier dans les prochains mois afin de renforcer son ancrage local et préparer au mieux les élections générales à venir.
