Halieutique– Comment transformer un vivier d’entreprises informelles, souvent fragiles, en acteurs solides, capables d’attirer le financement et d’assurer leur croissance ? C’est à cette équation que s’attaque le ministère béninois de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche à travers un nouveau plan d’action intégré, porté par le PROMAC et doté d’un budget prévisionnel de 49,87 millions de francs CFA.
Au cœur de cette initiative, un dispositif de formation, d’assistance technique et de mise en relation avec les institutions financières, pour un total de 300 micro, petites et moyennes entreprises (MPME) opérant dans la pêche et l’aquaculture. Selon nos informations, l’ambition est de créer un écosystème où les MPME piscicoles deviennent crédibles aux yeux des banques, et où les institutions financières comprennent réellement les spécificités du métier.
Former les institutions financières à la réalité du terrain
Selon les informations recueillies auprès de notre source bien informée, le premier pilier de ce plan inédit repose sur un constat simple : les institutions financières connaissent peu, voire mal, les dynamiques économiques de l’aquaculture et de la pêche artisanale. Résultat : les refus de financement sont nombreux, les produits de crédit inadaptés, et les risques jugés trop élevés.
Pour inverser cette tendance, le PROMAC, à travers l’initiative financé avec l’appui de la Banque Africaine de Développement (BAD), prévoit de renforcer les capacités techniques d’au moins cinq institutions de financement agréées par le Fonds national de développement agricole (FNDA). À travers des formations pratiques, ces structures seront formées à l’analyse de la rentabilité réelle des activités piscicoles, aux cycles de production, aux facteurs de risques maîtrisables, ainsi qu’aux modèles économiques typiques du secteur.
L’objectif est double nous renseigne t-on à savoir adapter les produits financiers aux besoins réels des acteurs, mais aussi améliorer le suivi des bénéficiaires de crédit, souvent laissés sans accompagnement une fois le financement accordé.
Coaching personnalisé sur un an
L’autre versant du plan est orienté vers les bénéficiaires eux-mêmes. Les 300 MPME sélectionnées seront accompagnées dans la structuration complète de leur projet entrepreneurial : de l’élaboration de plans d’affaires bancables à l’établissement de documents comptables fiables, jusqu’au coaching sur une durée d’un an.
Un volet particulier prévoit l’élaboration d’états financiers certifiés ou simplifiés, selon les exigences spécifiques des banques ou des institutions de microfinance ciblées. Chaque bénéficiaire aura ainsi les outils nécessaires pour constituer un dossier de demande de crédit robuste, en adéquation avec les standards des bailleurs.
« Trop souvent, le bon projet échoue faute de formalisation ou d’appui technique. Ce programme vise justement à combler ce fossé », nous confie notre spécialiste à la rédaction.
Inclusion ciblée et effet de levier territorial
À lire le document projet, cette démarche du PROMAC n’oublie pas les populations à faible pouvoir économique, en particulier les femmes entrepreneures et les exploitants à petite échelle, qui feront l’objet d’un traitement prioritaire dans la mise en œuvre du programme. Dans chaque zone d’intervention, les institutions financières agréées par le Fonds National de Développement Agricole (FNDA) seront mises en synergie avec les dispositifs d’appui existants pour faciliter l’accès à des financements ciblés.
Un effet de levier est également attendu sur les territoires ruraux, où ces petites entreprises constituent souvent le principal vecteur d’emploi et de sécurité alimentaire. À terme, la coordination du programme espère capitaliser sur les résultats de cette première vague d’accompagnement pour étendre le dispositif à d’autres filières agricoles stratégiques.
Alors que le gouvernement béninois multiplie les efforts pour moderniser et industrialiser son secteur agricole, ce programme marque une étape clé dans la professionnalisation des chaînes de valeur halieutiques. Si les résultats sont au rendez-vous, le PROMAC pourrait bien devenir un modèle régional d’intégration entre développement agricole et financement structuré.
Reste à voir si les institutions financières joueront pleinement le jeu, et si les MPME sauront transformer cette opportunité en levier de croissance durable.