Revue de presse, Bénin – Ce lundi 14 juillet 2025, une question sensible traverse les colonnes de la presse béninoise : l’arrestation du journaliste Comlan Hugues Sossoukpè est-elle révélatrice d’une intolérance croissante à la critique sous le régime dit de la rupture ? Plusieurs quotidiens s’interrogent sur les implications démocratiques de cette affaire, alors que le directeur du média en ligne Olofofo, arrêté en Côte d’Ivoire puis extradé, est désormais placé en détention provisoire à la maison d’arrêt de Ouidah.
Dans son édition du jour, Le Matinal annonce la fin de cavale pour Hugues Sossoukpè, soulignant que son dossier est désormais en instruction à la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET). Le journal adopte un ton factuel, à l’instar de Fraternité, qui rapporte brièvement l’information : « Hugues Comlan Sossoukpè arrêté, extradé et placé en détention provisoire. »
Mais d’autres titres s’engagent plus frontalement sur le terrain du débat démocratique. Matin Libre, à sa Une, pose une question choc : « Toute voix critique devient-elle une menace pour la rupture ? » Dans un article également publié sur son site web, le journal conclut en appelant à protéger et encourager les voix dissidentes, estimant qu’elles constituent « une opportunité d’enrichir le débat public et de consolider la démocratie ».
La Nouvelle Tribune estime, pour sa part, que cette arrestation soulève plus de questions que de certitudes, et publie l’intégralité de la réaction de la défense de Hugues Sossoukpè, relayée également par Bénin Intelligent, qui évoque des « abus de procédure » dénoncés par les avocats.
Le Patriote, quant à lui, constate que « la liste s’allonge avec Hugues Sossoukpè », en référence aux arrestations récurrentes de voix critiques du régime.
Entre révélations et suspicions
Le Potentiel, qui fut le premier à annoncer l’arrestation, revient ce matin avec une manchette alarmiste : « La République tremble. » Dans ses colonnes, on peut lire que « sa bouche est devenue une machette à couper la tête de plusieurs cadres », et que « ministères, institutions, armée, police… ses informateurs sont sur la braise ». Une formulation sensationnaliste qui contraste avec la prudence de certains confrères, mais reflète l’intensité du climat autour de l’affaire.
À ce stade, aucune réaction officielle n’a été enregistrée, ni du côté de l’exécutif, ni du parquet spécial compétent. Un silence interprété diversement : respect du principe de séparation des pouvoirs pour les uns, attentisme stratégique pour les autres.