Projet de budget, Bénin – Stabiliser les enseignants, moderniser la gouvernance scolaire, renforcer l’équité sociale : le gouvernement béninois affiche, pour l’année prochaine, de nouvelles ambitions pour le primaire et le préscolaire, avec en tête d’affiche le reversement tant attendu des AME instituteurs.
À moins d’un an de la fin du second et dernier mandat de Patrice Talon, l’exécutif s’apprête à poser un jalon décisif dans l’histoire de l’éducation de base. Le Document de Programmation Budgétaire, présenté à l’Assemblée nationale lors du débat d’orientation budgétaire du 27 juin 2025, inscrit, parmi les priorités du ministère des Enseignements maternel et primaire, le reversement des Aspirants au Métier d’Enseignant (AME) en Agents Contractuels de Droit Public (ACDP). Un choix stratégique qui pourrait bien constituer l’un des derniers gestes forts du régime de la Rupture en matière de gouvernance sociale, avant l’échéance présidentielle de mai 2026.
Reconnaissance statutaire
Érigée en première priorité de ce ministère dans le document de programmation budgétaire, le reversement des instituteurs répond à une revendication persistante : celle de la reconnaissance institutionnelle d’un corps enseignant resté trop longtemps “dans une précarité silencieuse”, selon plusieurs centrales syndicales du pays.
Depuis leur recrutement, ces instituteurs assurent la continuité pédagogique dans les écoles maternelles et primaires, souvent sans statut clair ni perspective d’évolution, malgré les efforts du gouvernement pour garantir un paiement douze mois sur douze. Selon nos informations, le reversement envisagé concernerait environ 1 500 à 3 000 enseignants par an, et le gouvernement continue de travailler sur les critères de sélection.
Le numérique au service d’une gestion éducative transparente
Autre priorité du ministère dirigé par Salimane Karimou pour l’année prochaine, la modernisation du système d’information du secteur éducatif. Il s’agit notamment de l’opérationnalisation du Système d’Information de Gestion de l’Éducation (SIGE). À terme, cet outil permettra une collecte rigoureuse et en temps réel des données scolaires, facilitant ainsi la planification des infrastructures, le suivi des performances, mais aussi la transparence dans les affectations budgétaires. Une réforme structurelle qui s’inscrit dans la volonté de l’État de piloter l’éducation par les données.
Sur le plan social selon le même document consulté par La Marina BJ, l’année 2026 verra la poursuite et l’amplification des programmes d’alimentation scolaire, reconnus comme un levier essentiel pour le maintien des enfants à l’école et la réduction des inégalités. Outre le Programme National d’Alimentation Scolaire Intégré (PNASI), le gouvernement mise sur le Programme d’Appui au Système Éducatif Béninois (PASEB) ainsi que sur d’autres dispositifs pour garantir un repas régulier et équilibré à des milliers d’élèves, notamment dans les zones défavorisées.
Ces priorités s’ajoutent à la poursuite des réformes entamées depuis le début de cette année 2025, telles que le renforcement des capacités pédagogiques des enseignants, la mise en œuvre du Projet de Renforcement de la Qualité des Enseignements Maternel et Primaire (PREQEP), ou encore la consolidation des nouveaux curricula d’enseignement. Autant de signaux forts d’un engagement progressif, mais déterminé, à bâtir une école publique plus inclusive, plus stable et plus performante.