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Présidentielle 2026 au Bénin : l’auto-parrainage, Les Démocrates ont-ils raison de s’inquiéter ?

Politique, La Marina BJÀ l’approche du scrutin présidentiel de 2026, l’opposition béninoise s’inquiète d’une zone grise du Code électoral : l’auto-parrainage. Avec 28 députés, soit le strict minimum requis, Les Démocrates redoutent qu’un vice juridique n’invalide leur candidature. Derrière ce débat technique se cache une bataille politique où droit et défiance s’entrechoquent.

Le Code électoral modifié en mars 2024 impose aux duos candidats un minimum de 28 parrainages émanant de députés ou de maires. Problème : le texte ne précise nulle part si un élu, lui-même candidat, peut se parrainer. Interrogé par les parlementaires lors d’une rencontre le mercredi 20 août 2025, le Directeur général des élections de la Commission Électorale Nationale Autonome (CENA) a estimé que cela était possible, au motif qu’un député peut bien voter pour lui-même (Lire LMBJ du 21/08/2025). Mais son avis ne vaut pas décision juridique, selon le parti d’opposition Les Démocrates présidé par l’ancien président de la République Yayi Boni.

Le député Ogbon Kolawolé Djima, récemment invité de Matin Libre TV, illustre cette incertitude. D’après lui « la loi est muette là-dessus. (…) Seule la Cour constitutionnelle peut dire exactement ce qu’on va faire. (…) ». Avec suspicion, l’opposant se demande si son camp « peut se baser sur ce que dit le Directeur général des élections pour choisir un député comme candidat ? »

Les Démocrates sur la défensive

Avec exactement 28 députés, Les Démocrates disposent du strict minimum requis pour présenter un duo présidentiel à la prochaine élection. Mais cette arithmétique serrée les place en position de vulnérabilité : le rejet d’un seul parrainage suffirait à invalider leur candidature. D’où leur crainte d’un « piège » autour de l’auto-parrainage.

Pour le parti, l’enjeu est stratégique. S’ils désignent un député comme candidat, et que l’auto-parrainage venait à être contesté, c’est l’ensemble du dossier qui pourrait être fragilisé. Dans un pays où la mémoire des élections ” exclusives” de 2019 reste vive, cette hypothèse suffit à entretenir un climat de suspicion.

Les lectures divergentes

Notre consultant à la rédaction, Fadel Kabassi, nuance pourtant ces inquiétudes. Selon lui « à partir du moment où un candidat est un électeur qui peut voter pour lui-même, un parrain peut également se parrainer lui-même. » À la question de savoir si l’opposition a véritablement des raisons de s’inquiéter, Fadel Kabassi, militant du Bloc Républicain répond que normalement non, et justifie cela par le fait que les élus du parti Les Démocrates (…) « tous ont retiré leurs parrainages qui ont été remis au président du parti (l’ancien président Yayi Boni), et un parrain peut s’auto-parrainer s’il est candidat. » Il estime que « l’inquiétude ne peut donc plus venir des parrainages. »

Cette lecture rejoint celle de plusieurs observateurs qui rappellent un principe classique : ce qui n’est pas interdit est permis. Pour eux, l’auto-parrainage ne constitue pas une menace réelle pour la validité d’une candidature, sauf revirement spectaculaire.

Un débat révélateur

En vérité, la controverse dépasse la seule question technique du parrainage. Elle traduit la fragilité de la confiance électorale au Bénin. Dans un environnement marqué par les exclusions passées, l’opposition reste convaincue que toute ambiguïté juridique peut se transformer en arme politique.

L’issue dépendra sans doute d’un arbitrage institutionnel, et seule la Cour constitutionnelle, saisie par le Chef de l’État Patrice Talon ou s’autosaisissant, pourrait clarifier la légalité de l’auto-parrainage. En attendant, l’incertitude nourrit les craintes et offre au débat politique un sujet hautement inflammable, alors que la période du dépôt des candidatures est fixée du 10 au 14 octobre prochain.

En somme, juridiquement, rien n’interdit l’auto-parrainage. Politiquement, l’histoire récente justifie la méfiance du parti Les Démocrates. Entre droit et défiance, la présidentielle de 2026 s’annonce déjà disputée avant même que les premiers bulletins ne soient déposés.

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