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Yayi-Talon : “Sortons définitivement du passé honteux né en 2012”

Politique, BéninL’interview accordée par le chef de l’État, Patrice Talon, à Jeune Afrique, rendue publique ce vendredi 14 mars 2025, a, comme on pouvait s’y attendre, aussitôt suscité des réactions. En évoquant ses relations avec son prédécesseur, Boni Yayi, et la présidentielle de 2026, le chef de l’État a laissé entendre qu’un rapprochement n’était pas exclu. Une déclaration qui a provoqué une réponse tranchée de Nourou Dine Saka Saley, appelant les Béninois à tourner définitivement la page de l’affrontement politique entre les deux hommes, né en 2012 et toujours omniprésent dans le débat public.

L’histoire politique du Bénin reste marquée par l’antagonisme entre Boni Yayi et Patrice Talon. De partenaires économiques et politiques, les deux hommes sont devenus rivaux après les tensions de 2012, qui ont conduit à l’exil de l’actuel président avant son retour et sa victoire à l’élection présidentielle de 2016. Depuis, leur relation oscille entre opposition frontale et tentatives de rapprochement, influençant les dynamiques électorales et politiques du pays.

À la question “Votre prédécesseur, Thomas Boni Yayi, entend, dit-on, prendre sa revanche en soutenant de nouveau un candidat contre celui que vous aurez choisi. Pourquoi n’êtes-vous pas parvenus à vous entendre ?”, le chef de l’État Patrice Talon répond avec prudence en affirmant qu’il n’a “aucun problème personnel avec l’ancien président Boni Yayi”.

Il ajoute qu’il ne “pense pas” que son prédécesseur ait de différend avec lui “de nature à ce qu’il veuille se venger”. Enfin, il laisse entrevoir une possible convergence pour 2026 : “Peut-être nous retrouverons-nous autour du même choix, qui sait ?”

Un appel à tourner la page du passé

Cette déclaration a fait réagir Nourou Dine Saka Saley, qui refuse que le Bénin continue de vivre au rythme de cette relation conflictuelle. “Les millions de Béninois et leur quotidien ne peuvent et ne doivent être soumis au gré de la relation en dents de scie entre l’ancien Président Yayi Boni et l’actuel Président Patrice Talon”, martèle-t-il. Il perçoit dans cette prolongation du duel une entrave au développement du pays et une source d’opportunisme politique pour certains acteurs.

Pour lui, l’élection de 2026 ne devrait pas être dictée par les dynamiques issues du passé. Il déplore une situation où “nous sommes restés en 2012, alors que le monde évolue… et les millions de Béninois méritent mieux que de subir tous les sacrifices qui leur sont imposés en raison d’une relation (entente ou mésentente) entre deux futurs anciens présidents”.

Il exhorte les Béninois à se concentrer sur des enjeux nouveaux et à ne pas se laisser enfermer dans un schéma où l’avenir du pays resterait conditionné par l’opposition entre ces deux figures.

2026, un tournant décisif ?

À mesure que l’échéance présidentielle approche, la question du renouvellement de la classe politique béninoise devient centrale. Le président Patrice Talon, tout en rejetant l’idée d’un troisième mandat, reste discret sur son choix de successeur. Boni Yayi, quant à lui, semble déterminé à peser sur l’élection avec son parti politique Les Démocrates.

L’enjeu pour 2026 est donc de savoir si le Bénin poursuivra dans cette logique de continuité avec des figures issues du passé ou s’il saura ouvrir une nouvelle ère politique. Pour de nombreux observateurs, à l’image de Nourou Dine Saka Saley, l’élection devra être celle de la rupture avec les rivalités d’hier, au profit d’un débat axé sur les préoccupations des citoyens et les défis à venir.

Arrivé au constat que “l’actuel président Talon gouverne en regardant leur passé, tandis que l’ancien président Yayi observe ce même passé avec inquiétude pour l’avenir”, Nourou Dine Saka Saley lance un appel sans équivoque : “Sortons définitivement du passé honteux né en 2012.” Un message d’émancipation politique que beaucoup pourraient entendre à l’approche d’un scrutin décisif pour l’avenir du pays.

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