Le 30 juin 2024, le détenu politique Latifou Radji a rendu l’âme au Centre Hospitalier Départemental (CHD) de Porto-Novo, enchaîné à son lit d’hôpital. Avant que cette tragédie ne se joue, les réseaux sociaux s’étaient enflammés, amplifiant les appels désespérés en faveur de son évacuation médicale. Cependant, les autorités judiciaires, sourdes aux cris de détresse, n’ont autorisé son transfert qu’à un moment où toute intervention médicale ne pouvait plus inverser le cours des choses. Latifou Radji, l’un des étudiant arrêté lors de la crise postélectorale de 2019, était détenu depuis janvier 2020 à la prison civile de Missérété.
La réaction ferme du parti d’opposition Les Démocrates
Dans un communiqué, le Parti Les Démocrates a exprimé sa vive indignation et une condamnation vigoureuse de ce qu’il qualifie de “traitement inhumain et injuste” infligé à Latifou Radji et à Mounirou Odjo, également décédé en détention. Le parti a dénoncé avec force les conditions de détention des prisonniers, en particulier des prisonniers politiques, soulignant que les droits fondamentaux, notamment le droit à la vie, sont bafoués de manière flagrante dans les prisons béninoises.
Le communiqué a mis en avant les cas emblématiques de l’ex-Ministre Reckya Madougou et du professeur Joël Aivo, rappelant que leur détention illustre la répression croissante envers les opposants politiques. Le Parti Les Démocrates a réaffirmé son soutien indéfectible aux victimes de l’arbitraire du régime et a appelé à une enquête sur les décès en détention, exigeant des sanctions exemplaires contre les responsables.
Une question d’actualité déposée au parlement
Selon notre source locale bien informée, le député Habibou Woroucoubou, membre du parti Les Démocrates, a déposé une question d’actualité hier 2 juillet 2024 à l’Assemblée nationale. Cette démarche parlementaire réclame des explications précises sur les circonstances entourant la mort de Latifou Radji, et sur les mesures mises en place pour assurer la santé des détenus.
Les sept questions soumises interpellent le gouvernement sur divers aspects cruciaux : l’absence de jugement pendant les cinq années de détention de Radji, le silence des autorités pénitentiaires face aux alertes sur son état de santé, les dispositions légales existantes pour la prise en charge des détenus malades, et le nombre actuel de détenus privés de soins médicaux ainsi que les décès enregistrés depuis 2016.
Ces interpellations mettent en lumière les failles béantes du système pénitentiaire béninois et lancent un appel pressant à une réforme profonde pour garantir le respect des droits humains et des normes internationales. Le Garde des Sceaux est maintenant sommé de fournir des réponses claires devant les députés dans les jours à venir.
Au-delà des cas médicamentés : Un système en détresse
La mort de Latifou Radji n’est pas un cas isolé mais le reflet d’un problème systémique plus vaste qui gangrène les prisons béninoises. Au-delà des figures emblématiques comme Madougou et Aivo, c’est tout un réseau de détenus politiques qui souffrent en silence, souvent oubliés des radars médiatiques et institutionnels.
Ce drame soulève une question cruciale : combien d’autres Latifou Radji sont aujourd’hui enfermés dans des conditions similaires, exposés à des traitements dégradants et privés de leurs droits fondamentaux ? La communauté internationale et les organisations de défense des droits de l’homme surveillent de près l’évolution de la situation, et la pression monte pour que des réformes immédiates et substantielles soient mises en œuvre.
Vers une réforme urgente et nécessaire?
La mort de Latifou Radji a jeté une lumière crue sur les dysfonctionnements graves du système pénitentiaire béninois. En réponse à cette tragédie, il est impératif que les autorités prennent des mesures concrètes pour améliorer les conditions de détention, garantir des procès équitables et assurer un accès adéquat aux soins médicaux pour tous les détenus.
Le chemin vers la justice et la dignité est long, mais chaque pas compte dans la lutte pour un système pénal plus humain et équitable au Bénin.