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Bénin/Coton : La dynamique bancaire face au paradoxe du rapatriement des recettes

Le secteur cotonnier béninois, pilier incontournable de l’économie agricole nationale, a enregistré une nouvelle production record de 553 000 tonnes de coton graine à la fin de la campagne 2023-2024. Ce résultat spectaculaire, qui représente près de 70 % des recettes d’exportation agricole du pays, a été rendu possible grâce à l’implication déterminante des institutions bancaires du Bénin. Néanmoins, malgré cette dynamique positive, le taux de rapatriement des recettes d’exportation reste préoccupant à 82,6 %, bien en dessous du seuil idéal de 100 % fixé par la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).

Lors de la deuxième réunion trimestrielle de concertation entre la BCEAO et l’Association Professionnelle des Banques et Établissements Financiers du Bénin (APBEF-Bénin) pour l’année 2024, Emmanuel Assilameho, directeur de la BCEAO au Bénin, a révélé que les banques béninoises avaient injecté 362,3 milliards de francs CFA pour soutenir la filière coton au cours de la saison 2023-2024. Selon notre source locale, ce soutien massif a permis de financer les besoins en intrants, en équipements et en services des producteurs de coton, contribuant ainsi à cette performance exceptionnelle.

Les enjeux du rapatriement des recettes

Malgré cet appui financier crucial, le taux de rapatriement des recettes d’exportation en deçà de la norme de 100% fixée par la BECEAO reste un défi majeur. Avec seulement 82,6 % des recettes rapatriées, plusieurs questions se posent. L’évasion de capitaux demeure un problème, où une partie des revenus générés par les exportations est gardée à l’étranger pour diverses raisons, notamment pour éviter la taxation locale ou investir dans des environnements économiques plus stables. De plus, des infrastructures financières locales inadéquates et une réglementation parfois insuffisante entravent le rapatriement complet des fonds.

Impacts économiques

Les répercussions de cette situation sont multiples. Un taux de rapatriement incomplet signifie une perte de recettes fiscales pour le gouvernement, réduisant ainsi les fonds disponibles pour les investissements publics et les services essentiels. La balance des paiements en souffre également, aggravant le déficit courant et limitant la capacité du pays à financer ses importations nécessaires.

Une nouvelle approche de solution durable ?

Pour surmonter ces défis, il est crucial de renforcer encore les mécanismes de régulation et de surveillance afin de garantir le rapatriement intégral des recettes d’exportation en la matière. La BCEAO et les autorités locales doivent collaborer pour mettre en place des politiques rigoureuses et des sanctions efficaces contre ces pratiques d’évasion de capitaux.

Investir dans des infrastructures financières modernes et efficaces est également une priorité. Cela faciliterait les transferts de fonds et réduirait les coûts et les délais associés, rendant le rapatriement plus attractif. Un dialogue continu entre les autorités financières, les banques et les exportateurs est essentiel pour identifier et éliminer les obstacles restants.

La saison 2023-2024 a mis une fois encore en lumière le potentiel immense du secteur cotonnier béninois, soutenu par un financement stratégique des banques. Toutefois, le défi persistant du rapatriement des recettes doit être relevé pour maximiser les bénéfices économiques. En mettant en œuvre des mesures appropriées et en renforçant la coopération entre tous les acteurs, le Bénin peut transformer ce succès en une prospérité durable. Le coton, moteur de l’économie agricole du pays, continuera à jouer un rôle crucial, à condition que les fondations financières et réglementaires soient solidement renforcées pour soutenir cette croissance.

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