Le secteur privé béninois est en pleine transformation économique, et les récentes statistiques en témoignent. D’après les données de la direction de la comptabilité nationale et des statistiques économiques, la troisième édition du Recensement Général des Entreprises (RGE) de 2023 dresse un tableau révélateur des changements en cours. Quels enseignements en tirer ?
Des pôles économiques en pleine évolution
En 2023, le Bénin compte 252 155 unités économiques, contre 154 839 en 2008, soit une augmentation de 62,2 %. Cette progression reflète la dynamique entrepreneuriale du pays. Bien que l’économie informelle reste dominante, son poids a diminué de 11,1 points de pourcentage, passant de 97,0 % en 2008 à 85,9 % en 2023. Cette baisse de l’informalité est un signe des efforts déployés pour formaliser et structurer le secteur privé.
Le département du Littoral demeure le centre névralgique de l’économie béninoise, avec 24,7 % des entreprises, suivi de l’Atlantique (18,7 %) et de l’Ouémé (13,6 %). Cette répartition géographique souligne l’importance des zones urbaines dans le développement économique national, tout en mettant en évidence le besoin de diversifier et équilibrer cette croissance pour qu’elle soit plus inclusive.
La dominance des activités tertiaires
Selon les résultats du recensement, la majorité des activités économiques se concentrent dans le secteur tertiaire (78,5 %), suivi par le secteur secondaire (21,4 %). Cette structure sectorielle montre une tendance vers les services et l’industrie, moteurs essentiels de la croissance économique contemporaine. Toutefois, le faible pourcentage d’entreprises enregistrées au registre de commerce (11,7 %) et possédant un identifiant fiscal unique (14,1 %) indique qu’il reste un long chemin à parcourir vers une formalisation complète.
D’un autre côté, le tissu entrepreneurial béninois est majoritairement constitué d’entreprises individuelles, représentant 95,7 % des unités économiques. Cependant, la tenue de la comptabilité reste sommaire pour beaucoup, seulement 4,3 % des entreprises maintiennent une comptabilité formelle, tandis que 58,5 % se contentent de notes personnelles pour gérer leurs comptes. Cette situation pose des défis en matière de transparence et de gestion efficace, éléments cruciaux pour attirer les investissements et soutenir une croissance durable.
Les défis et opportunités de la modernisation
Les récentes données du RGE 2023 mettent en lumière à la fois les progrès réalisés et les défis persistants du secteur privé béninois. Les réformes en cours sont prometteuses, mais il est crucial de les intensifier pour consolider cette dynamique positive. Renforcer l’accès aux services financiers, simplifier davantage les procédures administratives et promouvoir une culture entrepreneuriale basée sur la formalité et la transparence sont des mesures essentielles pour réussir cette transition.
Le Bénin se trouve à un carrefour déterminant et transformer cette croissance quantitative en un développement qualitatif constitue l’enjeu majeur. Chaque entreprise, qu’elle soit grande ou petite, doit pouvoir contribuer pleinement à la prospérité nationale. Le succès de cette modernisation dépendra de la capacité des réformes à s’adapter aux besoins des acteurs économiques du pays.
En résumé, la nouvelle dynamique du secteur privé béninois est celle d’un secteur en pleine mutation, dynamique et résilient, prêt à relever les défis du développement.