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Affaire Frère Hounvi : Un silence qui en dit long

Droits de l’homme, Bénin L’arrestation de Steve Amoussou, plus connu sous le pseudonyme de Frère Hounvi, a jeté une lumière crue sur les pratiques judiciaires et sécuritaires au Bénin, suscitant une vague d’indignation dans le pays. Ce qui frappe le plus dans cette affaire, ce n’est plus tant l’action en elle-même, mais bien le silence assourdissant des autorités béninoises. Un silence qui en dit long.

Depuis l’interpellation de cet activiste influent, réputé pour ses critiques acerbes du régime en place, les autorités se sont enfermées dans un mutisme déconcertant. Pas un mot sur les circonstances de son arrestation, encore moins sur les allégations selon lesquelles celle-ci s’apparenterait à un “enlèvement digne d’un western”, orchestré en dehors de tout cadre légal, selon son avocat, Me Aboubakar Baparapé. Ce dernier affirme que Steve Amoussou “a été cagoulé, et l’un des ravisseurs a exercé une pression sur son cou, jusqu’à l’étouffement. Il a failli être étranglé et a presque perdu connaissance. Certains suggéraient de l’emmener à la plage, d’autres dans une forêt. C’est dans ces conditions qu’il a été enlevé dans une banlieue de Lomé, puis ramené au Bénin.”

Le manque de transparence : Un aveu de faiblesse ?

Ce silence du parquet spécial de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET), bras armé du ministère de la Justice, loin d’apaiser les esprits, ne fait que renforcer les soupçons d’une manœuvre politiquement motivée, orchestrée en catimini pour neutraliser une voix dissidente.

Le manque de transparence, tant de la part du gouvernement que du ministère public de la CRIET, sur une affaire aussi médiatisée, ne peut être interprété que de deux façons . Soit il révèle une gêne profonde quant aux méthodes employées, soit il témoigne d’un mépris total pour les principes élémentaires de la justice et de l’État de droit. Dans les deux cas, c’est la crédibilité du système judiciaire béninois notamment de son ministère public qui est mise à mal, à un moment où celui-ci aurait grand besoin de renforcer sa légitimité.

Une justice sous pression

En se murant dans le silence, le régime semble sous-estimer la gravité des accusations portées contre lui par des organisations de défense des droits de l’homme, des juristes, et même par l’Ordre des Avocats du Bénin. Le Bâtonnier Angelo Hounkpatin, dans un communiqué sans équivoque daté du 20 août 2024, a exprimé sa perplexité face aux conditions opaques entourant l’arrestation de Steve Amoussou. Ce constat est partagé par une large frange de la société civile et des partis politiques d’opposition, pour qui l’affaire Hounvi confirme un basculement inquiétant vers des pratiques autoritaires.

La non-communication : Une arme à double tranchant

Ce qui est particulièrement troublant, c’est la portée symbolique de ce silence. En refusant de s’exprimer, le gouvernement ne fait que renforcer l’idée que cette arrestation s’inscrit dans une logique de répression de toute forme d’opposition. Ce choix de la non-communication est en soi un message; Celui de l’indifférence vis-à-vis des principes démocratiques qui devraient pourtant être le socle de toute action publique.

Le risque est grand que cette stratégie du silence se retourne contre ses auteurs. Dans un contexte où les réseaux sociaux jouent un rôle crucial dans la diffusion de l’information et la mobilisation de l’opinion publique, chaque silence est interprété, commenté, amplifié. Le pouvoir, et son bras exécutant qu’est le parquet spécial, en refusant de se justifier, perd la bataille de l’opinion, laissant le champ libre à toutes les spéculations.

Les autorités, en choisissant de garder le silence, ne font que confirmer les craintes d’une large partie de la population, celles d’un retour à des méthodes autoritaires, qui n’ont pas leur place dans une démocratie digne de ce nom. Il est encore temps de rectifier le tir, en faisant preuve de transparence et en réaffirmant l’attachement du pays à l’État de droit. Faute de quoi, c’est la confiance des citoyens dans leurs institutions qui risque d’être irrémédiablement compromise.

Quid du silence des autorités togolaises ?

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