Diplomatie, RDC, Chine – Le 7 septembre 2024, la République Démocratique du Congo (RDC), représentée par son vice-premier ministre de l’Intérieur et Sécurité, Jacquemain Shabani, a pris part au premier dialogue ministériel sur la coopération internationale en matière de sécurité à Beijing, en Chine.
Si cette rencontre visait à renforcer les partenariats sécuritaires entre la Chine et les pays de l’Afrique de l’Est, la RDC a choisi de ne pas apposer sa signature sur le mémorandum d’entente proposé, confirmant ainsi la position claire de Félix Tshisekedi face aux tensions régionales persistantes. Pourquoi ce refus ?
Une réserve motivée par le conflit avec le Rwanda
La décision de la RDC de ne pas signer ce mémorandum est intimement liée à la situation sécuritaire dans sa partie est, où le pays est régulièrement confronté à des incursions et agressions qu’il attribue à son voisin, le Rwanda. Selon Jacquemain Shabani, cette agression n’a jamais été condamnée par la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), dont la RDC est membre depuis 2022. En l’absence de cette condamnation, la signature d’un accord régional sur la sécurité aurait été perçue comme une acceptation tacite du statu quo, ce que Kinshasa refuse fermement.
Selon notre source locale à Kinshasa, le gouvernement congolais considère que les principes de respect de l’intégrité territoriale et de l’intangibilité des frontières, essentiels au sein de l’EAC, ont été violés à son encontre sans réaction de la part de ses partenaires régionaux. Cette inaction a renforcé la méfiance de la RDC vis-à-vis de l’organisation, et explique en partie son retrait de la signature du document.
Un choix diplomatique stratégique
Malgré cette réserve, Jacquemain Shabani a exprimé le souhait de voir la coopération entre la RDC et la Chine se renforcer sur une base bilatérale. Le dialogue entre les deux nations reste, selon lui, une priorité pour le gouvernement congolais, notamment dans la lutte contre l’insécurité et pour le développement économique. Il s’agit ici d’un message clair, la RDC est ouverte à une collaboration avec des partenaires extérieurs, mais celle-ci doit se faire en respectant ses intérêts souverains et sa sécurité nationale.
Pour la RDC, signer un accord régional sans garantie de soutien face à l’agression qu’elle subit constituerait un manque de cohérence avec ses engagements nationaux. En privilégiant la voie bilatérale avec la Chine, Kinshasa peut ainsi garder un contrôle plus direct sur ses partenariats tout en évitant de se lier à des engagements régionaux perçus comme potentiellement contre-productifs.
Un cadre régional qui perd de son attrait
Cette position de la RDC met en lumière une difficulté plus large pour l’EAC et ses membres, qui peinent à afficher une unité face aux crises internes. La signature de ce mémorandum, qui devait symboliser un renforcement de la coopération sécuritaire entre l’Afrique de l’Est et la Chine, est ainsi éclipsée par le refus de Kinshasa de se joindre à l’initiative, soulignant l’importance des enjeux politiques et sécuritaires individuels des pays membres.
La décision de la RDC marque également un tournant dans sa stratégie régionale. Depuis son adhésion à l’EAC, Kinshasa cherche à renforcer son rôle dans la région tout en défendant fermement ses intérêts. Cependant, tant que la question de l’agression rwandaise restera non résolue et sans condamnation officielle, il est probable que la RDC continuera à privilégier des relations bilatérales solides, à l’instar de celle qu’elle entretient avec Pékin.