Changement climatique, Bénin, Uemoa – L’Afrique de l’Ouest est de plus en plus confrontée aux conséquences du changement climatique, et les besoins pour financer des projets d’adaptation et de protection de l’environnement ne cessent de croître. Cependant, accéder à des fonds internationaux reste un défi majeur pour les pays de la région. Pour tenter de répondre à ce besoin, la déclaration de Cotonou a été adoptée lors d’un séminaire organisé par la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) les 18 et 19 septembre 2024.
Au cœur de ce texte, une ambition : rendre les pays de l’Uemoa plus compétitifs dans la course aux financements climatiques internationaux. Mais la déclaration de Cotonou sera-t-elle vraiment le levier capable de débloquer ces fonds vitaux pour l’avenir climatique de la région ?
Une nouvelle nomenclature, une approche régionale cohérente
L’une des principales innovations introduites par la déclaration de Cotonou est la création d’une nomenclature harmonisée pour les études de faisabilité des projets climat. En alignant leurs méthodologies et en adoptant des standards communs, les pays de l’Uemoa espèrent proposer des projets plus solides, mieux structurés et conformes aux exigences des bailleurs de fonds internationaux.
Aujourd’hui, l’un des principaux obstacles rencontrés par les États africains réside dans la complexité des dossiers à soumettre pour accéder aux financements mondiaux. La fragmentation des approches et le manque de coordination entre les États affaiblissent leur capacité à faire valoir leurs projets. À travers cette nouvelle nomenclature, les experts espèrent renforcer l’attractivité des projets ouest-africains aux yeux des bailleurs de fonds.
Mais cela sera-t-il suffisant pour convaincre les organismes internationaux comme le Fonds vert pour le climat ? Sandra Amichia, cheffe de Mission résidente de la BOAD au Bénin, ne cache pas son optimisme. Selon elle, cette nomenclature pourrait bien marquer un tournant. D’après elle les Etats membres de l’Uemoa sont désormais en mesure de présenter des projets beaucoup plus lisibles et conformes aux critères internationaux, ce qui augmentera considérablement leurs chances de mobiliser des ressources.
Un Fonds d’Études Climat à la hauteur des ambitions ?
Toutefois, pour qu’une nomenclature aussi ambitieuse puisse porter ses fruits, il faut des ressources. C’est ici qu’entre en jeu le Fonds d’Études Climat de la BOAD, un mécanisme de financement dédié à la préparation des projets climatiques dans la région Uemoa. Si la déclaration de Cotonou appelle à son abondement, la question demeure : ce fonds sera-t-il suffisant pour financer les études nécessaires à la validation des projets ?
Le défi est de taille. Les projets d’adaptation et d’atténuation des effets du changement climatique nécessitent des études techniques poussées, souvent coûteuses. Ces études représentent la première étape indispensable avant toute demande de financement international. Sans une augmentation substantielle des ressources du Fonds d’Études Climat, les ambitions portées par la déclaration risquent de rester lettre morte. Sandra Amichia l’a bien compris et appelle de ses vœux à une mobilisation accrue des ressources nationales et internationales pour alimenter ce fonds.
Une volonté politique, condition sine qua non
Outre les défis financiers, l’une des clés du succès de la déclaration de Cotonou réside dans la volonté politique des gouvernements ouest-africains. Le texte adopté a beau poser des bases solides pour un accès aux financements climatiques internationaux, il n’aura aucun effet sans un engagement ferme des États membres.
La feuille de route tracée à l’issue du séminaire de Cotonou repose sur une dynamique de plaidoyer actif, que chaque pays de l’Uemoa devra porter au sein de ses instances gouvernementales. L’enjeu est d’obtenir l’adhésion du conseil des ministres pour faire de la déclaration de Cotonou un document de référence dans les négociations climatiques internationales.
Cependant, l’histoire récente nous montre que les engagements politiques, bien qu’essentiels, peinent parfois à se concrétiser en actions. Il faudra donc aux gouvernements des Etats membres de l’Uemoa bien plus qu’un simple soutien de principe. Ils devront démontrer une réelle capacité à mobiliser leurs appareils institutionnels, à prioriser les projets climatiques, et à mettre en œuvre des réformes structurelles pour répondre aux exigences des bailleurs de fonds.
Un pari à concrétiser
Ce qui distingue la Déclaration de Cotonou des précédentes initiatives, c’est sans doute la volonté d’adopter une approche régionale intégrée. Effectivement, à l’heure où les financements climatiques internationaux privilégient les initiatives collaboratives et d’envergure, l’Uemoa a compris l’importance de parler d’une seule voix.
En unissant leurs efforts, les pays de la région espèrent non seulement accroître leur visibilité sur la scène internationale, mais aussi mutualiser leurs compétences et leurs ressources. Cette dynamique régionale est essentielle pour faire face aux défis globaux du changement climatique. Plus que jamais, la coopération régionale apparaît comme un moteur clé de la mobilisation des financements internationaux.
Si la déclaration de Cotonou représente une avancée importante pour la finance climat en Afrique de l’Ouest, elle ne sera efficace que si elle est suivie d’actes concrets. Les mois à venir seront déterminants pour savoir si les États membres de l’Uemoa réussiront à traduire cet engagement en résultats tangibles.