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“Un chef de l’État n’est pas jugé à l’aune des infrastructures… Il est jugé à l’aune de l’investissement humain et social.”

Gouvernance, BéninLe samedi 21 septembre 2024, au Chant d’Oiseau à Cotonou, le père Arnaud Éric Aguenounon a présenté son nouvel ouvrage intitulé ” Le pouvoir du déni – Chronique d’une démocrature assumée”, une critique acerbe de la gouvernance au Bénin. Dans ce livre préfacé par Francis Laleye, expert en gouvernance politique, l’auteur met en lumière les failles du système actuel.

Pour l’auteur, les dirigeants béninois se concentrent excessivement sur les infrastructures, négligeant l’investissement humain et social, véritable clé du développement. Cette analyse pointe du doigt une “démocrature assumée”, où les priorités sont mal orientées. Devant un parterre de journalistes, il a livré un plaidoyer audacieux pour une gestion politique centrée sur l’humain plutôt que sur les infrastructures. En savoir plus.

“Je n’écris pas pour chanter des louanges”

Dès le début de son intervention, le père Aguénounon a planté le décor : “Je n’écris pas pour chanter les louanges de quelqu’un. Ceux qui chantent les louanges existent, se connaissent et ils le font bien.” Ce positionnement clair révèle l’angle critique de l’auteur qui, depuis ses débuts en 2007 dans les colonnes du quotidien La Nation, a pris soin de conserver une indépendance intellectuelle. À travers Le pouvoir du déni, il se refuse à être un thuriféraire du pouvoir en place et préfère orienter sa plume vers les questions essentielles à savoir le bien commun, l’amour du peuple et la justice sociale.

Ce refus de la complaisance médiatique n’est pas sans lien avec l’actualité politique béninoise, où une partie de la presse est souvent accusée de se prêter à un jeu d’éloges systématiques envers les réalisations du gouvernement. Arnaud Éric Aguenounon, lui, choisit de mettre le doigt là où ça fait mal, interpellant directement le mode de gouvernance et ses dérives.

Les infrastructures : une fausse priorité ?

Le cœur de la critique du père Aguénounon porte sur la place excessive accordée aux infrastructures dans le discours politique béninois. Selon lui, ces projets de développement comme les routes, les bâtiments publics, les ponts etc bien que nécessaires, ne devraient pas constituer l’unique boussole des gouvernants. “Dans les pays dits développés, un chef de l’État n’est pas jugé à l’aune des infrastructures, des monuments ou des pierres. Il est jugé à l’aune de l’investissement humain et social”, insiste-t-il.

Pour l’auteur, cette focalisation sur les réalisations visibles permet aux dirigeants de se donner une légitimité à court terme, mais elle néglige l’essentiel qui est le bien-être des populations. Il dénonce une logique de communication politique où la moindre réalisation matérielle devient un prétexte pour des célébrations fastueuses. “Vous offrez une moto et vous organisez une fête, vous offrez une voiture, vous organisez une fête, vous faites une petite tranche de bitume, vous faites une fête…”, ironise-t-il. Derrière cette critique se cache une interrogation profonde : où sont les véritables investissements dans l’humain ?

Investissement humain : l’urgence ignorée

L’une des grandes forces du discours du père Arnaud Éric Aguénounon réside dans sa capacité à replacer la gouvernance béninoise dans une perspective internationale. Il cite des exemples étrangers pour rappeler que, dans des pays comme la France, on juge les dirigeants non pas sur leurs réalisations matérielles, mais sur leur bilan en matière de justice sociale, d’éducation et de santé. L’ancien président français François Hollande, par exemple, a renoncé à briguer un second mandat à cause de son “échec humain et social”. Cette référence souligne à quel point, dans les démocraties établies, la réussite politique s’évalue avant tout par la qualité de vie des citoyens, et non par les infrastructures laissées en héritage.

L’auteur invite ainsi le Bénin à adopter une approche similaire, en orientant ses priorités vers l’amélioration des conditions de vie, la réduction des inégalités et l’investissement dans les services publics essentiels. “Lorsque l’on vote pour quelqu’un ailleurs, on vote pour son amour du peuple, pour son amour des autres parce qu’on sait que les infrastructures, c’est une garantie”, explique-t-il.

Un appel à l’éveil de la conscience collective

Au-delà de la critique des dirigeants, Le pouvoir du déni est également un appel à la conscience citoyenne. Arnaud Éric Aguenounon exhorte le peuple béninois à ne plus se contenter de juger ses gouvernants sur des réalisations spectaculaires, mais souvent superficielles. “L’essentiel, c’est l’amour du prochain et le bien commun”, martèle-t-il, rappelant que le véritable progrès d’une nation repose sur la solidarité, la justice et l’égalité d’accès aux opportunités.

Ce message s’adresse directement à l’opinion publique béninoise, souvent séduite par les infrastructures flambant neuves ou les projets grandioses. Pour le prête Aguénounon, il est impératif que les citoyens prennent conscience de l’importance des enjeux sociaux et humains dans le développement du pays.

Avec Le pouvoir du déni, Arnaud Éric Aguénounon offre bien plus qu’une simple critique de la gouvernance actuelle. Il propose une réflexion profonde sur les fondements mêmes du progrès et du développement, appelant à réorienter les priorités nationales vers l’humain. À travers son regard acéré, il incite les dirigeants à se souvenir que l’histoire retient avant tout ceux qui investissent dans leur peuple, et non ceux qui se contentent de construire des routes ou des bâtiments.

Ce livre plaide activement pour une gouvernance éthique et humaine, interpellant directement la classe politique béninoise tout en éveillant les citoyens. Par ailleurs, dans cette période de transformations rapides, il lance un appel urgent à repenser l’évaluation de la gouvernance. En effet, pour que le Bénin puisse véritablement prospérer, il ne doit pas se contenter de ses infrastructures, mais doit surtout s’appuyer sur le bien-être de ses habitants.


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