Politique, Bénin – Lors de l’émission l’entretien grand format diffusée le dimanche 20 octobre 2024 sur Bip Radio, Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole du gouvernement béninois, a abordé la délicate question du retour des exilés politiques. Face à la journaliste Rachida Houssou, le secrétaire général adjoint du gouvernement a articulé un discours oscillant entre ouverture et rappel des réalités judiciaires. Cependant, à bien y regarder, malgré cette façade d’inclusivité, la situation des personnalités en exil semble inchangée.
Pendant l’entretien, Rachida Houssou a mentionné des figures politiques en exil comme Sébastien Ajavon, Valentin Djenontin ou encore Léhady Soglo, et posé la question sur la possibilité de leur retour. La réponse du porte parole du gouvernement, teintée d’ironie, ne s’est pas fait attendre : « C’est qui les exilés politiques, si vous en connaissez, dites-moi ! ». Par cette réplique, le porte-parole minimise comme d’habitude la gravité de leur situation, tout en répétant que ces personnalités peuvent revenir « à bras ouverts ».
L’invitation semble claire, « Qu’ils prennent le premier avion sur Cotonou ce soir ou demain et qu’ils viennent au Bénin, c’est chez eux », a-t-il affirmé. Derrière ce message, qui semble empreint de réconciliation, se dissimule toutefois une réalité plus complexe.
La justice toujours un obstacle
Au moment où Rachida Houssou évoque les affaires judiciaires en cours, le porte parole du gouvernement se montre ferme, « Je ne suis pas la justice, le gouvernement n’est pas la justice », martèle-t-il. Il rappelle la séparation des pouvoirs et insiste, « Quand on a des affaires devant la justice, laissez la justice faire son travail. » Cette affirmation montre que si les exilés politiques décident de revenir, ils devront encore faire face aux procédures judiciaires en cours, sans aucune promesse d’amnistie ou d’abandon des charges.
La position du gouvernement demeure claire, bien qu’il encourage le retour de ces exilés, les poursuites judiciaires ne seront pas suspendues. Ce rappel des limites de l’action gouvernementale met en lumière un statu quo déguisé en changement, où les exilés ne pourront revenir que sous réserve d’affronter la justice béninoise.
Changement de ton, mais pas de fond
Si le ton employé par le porte parole est ouvert et rassurant, la journaliste Rachida Houssou a bien relevé l’ambiguïté de ses propos. En effet, malgré les appels répétés à ce que les exilés prennent le « premier avion » pour rentrer, aucun changement concret ne semble avoir été opéré pour faciliter leur retour. La journaliste n’a pas manqué de souligner cette apparente contradiction : « À vous entendre, c’est comme s’il y avait eu table rase, qu’il n’y aurait plus d’affaires devant la justice ». Mais Wilfried Léandre Houngbedji a maintenu sa ligne, « le gouvernement n’est pas la justice ».
En définitive, bien que le porte-parole ait multiplié les appels au retour lors de l’entretien, aucun geste concret n’a été posé pour lever les obstacles judiciaires qui pèsent sur ces personnalités. Le statu quo persiste, mais il est habilement déguisé sous une rhétorique de réconciliation.