Politique, Bénin – Hier, lundi 28 octobre 2024, lors d’une conférence de presse diffusée sur les réseaux sociaux, Jean Eudes Mitokpè, président du mouvement OB 26, ne s’est pas seulement contenté de commenter l’arrestation de l’homme d’affaires Olivier Boko et de l’ancien ministre des Sports Oswald Homeky. Avec une expression déterminée et un ton résolu, il a dénoncé ce qu’il qualifie de « dérive autoritaire » au Bénin tout en prononçant un réquisitoire accablant contre le climat politique actuel, qu’il juge asphyxiant et inquiétant.
D’emblée Jean Eudes Mitokpè a évoqué un sentiment de « désillusion » qui, selon lui, domine aujourd’hui l’opinion publique béninoise. « Depuis 2016, les Béninois ont été trahis », a-t-il déclaré, faisant allusion à ce qu’il estime être une érosion des valeurs démocratiques dans le pays. Pour lui, la situation actuelle révèle une crise profonde où « la démocratie, notre démocratie, qui était autrefois notre fierté, s’est retrouvée reléguée au second plan ».
Pour l’ancien journaliste devenu homme politique, les institutions censées garantir les droits et libertés des citoyens seraient aujourd’hui affaiblies. « Nous vivons au Bénin aujourd’hui […] dans un climat de peur, de psychose, et surtout dans une atmosphère délétère », a-t-il affirmé, déplorant l’autoritarisme qu’il perçoit dans l’appareil d’État.
L’arrestation d’Olivier Boko : « Il est confiant, il sait que la vérité finira par éclater »
En évoquant le cas d’Olivier Boko, détenu dans le cadre d’une enquête pour complot présumé contre la sûreté de l’État, Jean Eudes Mitokpè a voulu rassurer quant à l’état d’esprit de celui qu’il décrit comme « un homme confiant ». « Il sait que vous êtes horrifiés, il sait que vous êtes peinés par la situation… mais il est persuadé que la vérité finira par éclater », a-t-il déclaré. Par ces mots, Mitokpè entend souligner l’engagement de Boko dans la défense d’une vision politique alternative.
Le président d’OB26, mouvement qui suscite depuis plusieurs mois la candidature d’Olivier Boko pour les présidentielles de 2026, a tenu à marquer une distinction essentielle : « Boko n’est pas Talon ». Cette affirmation, répétée lors de son intervention, vise à dissocier Olivier Boko de la gouvernance actuelle et à positionner OB26 comme un défenseur de la démocratie et de l’intégrité électorale.
« Nous avons soif de liberté et de vérité »
Dans une critique directe à l’égard de l’appareil judiciaire et des médias, Jean Eudes Mitokpè a condamné ce qu’il qualifie de « manipulation médiatique orchestrée » pour discréditer Olivier Boko et Oswald Homeky. Selon lui, ces actions viseraient à « museler des voix dissidentes » et à influencer l’opinion publique en faveur de la répression politique. « Le contrôle renforcé de l’appareil judiciaire, les restrictions imposées aux médias, et surtout la répression des voix dissidentes, montrent clairement que notre pays a dérivé […] vers un régime de plus en plus autocratique », a-t-il avancé.
L’ancien journaliste de Canal 3 a également remis en question la validité des preuves avancées dans cette affaire présumée de coup d’État, en soulignant que certaines transactions bancaires auraient été « formellement démenties » par la banque concernée. Pour lui, « il ne s’agit pas d’un coup d’État, mais d’un complot contre ceux qui osent exprimer une alternative au pouvoir en place ».
Une demande de libération immédiate et un appel au dialogue
À la fin de sa déclaration, Jean Eudes Mitokpè a lancé un appel pour la « libération immédiate » d’Olivier Boko et d’Oswald Homeky, insistant sur la nécessité d’un « examen transparent et public de toutes les preuves » dans cette affaire. Le président d’OB26 a également révélé qu’une demande d’audience avait été adressée au Chef de l’État le 12 octobre dernier, mais est restée sans réponse. Il interprète ce silence comme une forme de « mépris », estimant que « ce refus de dialoguer […] montre la peur de la vérité ».
À travers cet appel à la mobilisation pacifique, OB26 espère redonner non seulement aux militants mais également à l’ensemble du peuple béninois l’espoir d’une démocratie forte et transparente. « Ensemble, nous bâtirons un Bénin plus juste, un Bénin où la justice est équitable, un Bénin surtout loin de la déshumanisation », a conclu Jean Eudes Mitokpè, en appelant les citoyens à ne pas renoncer à leurs droits et à leur liberté d’expression.