Sécurité, Bénin – La réunion de commandement récemment tenue au tribunal de première instance de deuxième classe d’Abomey-Calavi a révélé des enjeux sécuritaires critiques pour les communes d’Abomey-Calavi et de Sô-Ava. L’année judiciaire 2023-2024, marquée par une explosion des plaintes et une intensification des affaires judiciaires, pose un constat alarmant pour les autorités locales et les services de police.
Présidée par Camille Fadé, procureur de la République près du tribunal de première instance de deuxième classe d’Abomey-Calavi, et en présence du préfet de l’Atlantique, Jean-Claude Codjia, des maires d’Abomey-Calavi et de Sô-Ava, ainsi que de la directrice départementale de la police républicaine, cette rencontre a permis de dresser un bilan exhaustif et de définir des pistes d’action pour faire face aux menaces sécuritaires qui pèsent sur la région.
Une montée inquiétante de la criminalité
Le tableau dressé lors de cette réunion a révélé des chiffres particulièrement préoccupants : 1 601 plaintes déposées et 5 544 procès-verbaux d’enquête pour l’année judiciaire écoulée. Cette hausse spectaculaire met en lumière une criminalité en pleine expansion dans les deux communes. Des infractions allant de la cybercriminalité aux crimes financiers, en passant par des délits plus organisés, requièrent aujourd’hui une mobilisation accrue et des méthodes d’intervention adaptées. L’insécurité prend de nouvelles formes dans ces deux communes en développement rapide, obligeant la justice et la police à adapter leurs stratégies et à renforcer leurs moyens pour répondre à ces défis croissants.
Les entraves aux enquêtes
Une difficulté majeure mise en exergue lors de cette réunion de commandement concerne les fréquentes affectations et rotations des officiers de police judiciaire (OPJ) et des chefs d’unités, qui pèsent lourdement sur la continuité des enquêtes. Les mutations fréquentes, bien qu’inévitables dans l’administration, entraînent des retards significatifs dans les investigations en cours, nombre d’entre elles restant inabouties du fait des départs de certains agents avant l’achèvement des dossiers. Cela crée une rupture dans le suivi des affaires et compromet la qualité des réponses judiciaires. Les autorités locales ont souligné la nécessité de maintenir une certaine stabilité parmi les OPJ pour assurer une gestion plus fluide des dossiers et garantir un service de justice plus efficace et accessible aux justiciables.
Face à ces constats, la réunion a permis de dégager des pistes d’action concrètes pour mieux répondre aux exigences sécuritaires. Le préfet de l’Atlantique, Jean-Claude Codjia, a évoqué l’importance de renforcer la coordination entre la justice, les forces de police et les autorités communales pour une “coproduction de sécurité” plus efficace.
En ligne de mire, un objectif partagé : améliorer les moyens d’intervention, renforcer les équipements et multiplier les formations des agents afin de développer des capacités d’anticipation et de réaction face aux crimes de plus en plus sophistiqués. La mobilisation des élus locaux, notamment des maires d’Abomey-Calavi et de Sô-Ava, reste nécessaire pour soutenir les initiatives sécuritaires, en sensibilisant les populations et en contribuant à maintenir un climat de confiance entre les citoyens et les forces de l’ordre.