Diplomatie, Bénin – Malgré son engagement constant en faveur de la stabilité régionale, le gouvernement béninois se retrouve une nouvelle fois pointé du doigt par son voisin nigérien. Le 31 décembre dernier, Abdourahamane Tiani, le président de la transition au Niger, a accusé Cotonou de collusion avec des groupes terroristes. Des propos fermement rejetés par Shegun Bakari, ministre béninois des Affaires étrangères, lors de son passage en tant qu’invité du journal Afrique de France 24 le 2 janvier 2025.
Los de son intervention Shegun Bakari rappelle que les récentes accusations du Niger ont été accueillies avec « consternation et préoccupation ». Il précise qu’elles sont « récurrentes » et totalement « sans lien avec la réalité ». Pour lui, elles ne reflètent en rien la situation sur le terrain ni les efforts que le Bénin déploie depuis des mois pour stabiliser la région. Le ministre souligne que cette attaque verbale survient alors même qu’un processus de normalisation des relations entre les deux pays était en cours, notamment avec la nomination récente d’ambassadeurs. Il appelle à un apaisement des tensions et affirme que « le Bénin aura toujours la main tendue » pour privilégier un dialogue serein. Afin de rétablir la confiance, il rappelle que son pays avait proposé des rencontres entre autorités militaires des deux États.
Les bases militaires : une politique constante du Bénin depuis l’indépendance
Sur les accusations récurrentes concernant la présence de bases militaires étrangères au Bénin, Shegun Bakari reste catégorique. Il affirme que « depuis 1960, le Bénin n’a jamais accueilli de bases militaires étrangères ». Une position qui, selon lui, découle d’une doctrine diplomatique suivie avec constance depuis l’indépendance.
Toutefois, il laisse entendre qu’un tel choix pourrait évoluer si les besoins l’exigent, ajoutant que « cela ne veut pas dire que demain ça ne sera pas possible, mais à l’heure actuelle, ce sont des faits ». Le ministre rappelle qu’il s’agit d’un choix souverain et que le Bénin n’a pas à se justifier sur sa politique de défense auprès de ses voisins.
En réponse aux soupçons de collusion avec certaines puissances étrangères, le ministre béninois des affaires étrangères insiste sur la diversité des partenariats du Bénin. Il précise que son pays coopère non seulement avec la France, mais aussi avec « les États-Unis, la Chine, les Émirats Arabes Unis, le Nigéria, le Niger jusqu’à récemment et bien d’autres ». Cette politique de coopération vise avant tout à garantir la sécurité et le développement du pays.
Lutte contre le terrorisme : une responsabilité commune des États de la sous-région
Abordant la problématique de la lutte contre le terrorisme, le chef de la diplomatie béninoise rappelle que « la lutte contre le terrorisme est un enjeu majeur qui ne peut pas être résolu par un seul État ». Il insiste sur la nécessité d’une coopération renforcée entre les pays de la sous-région.
Il évoque l’initiative d’Accra, soutenue par le président Patrice Talon, qui vise à créer une synergie entre les États côtiers du golfe de Guinée pour contrer la menace jihadiste. Le ministre souligne une obligation historique de travailler ensemble pour préserver les liens entre les peuples et assurer la sécurité de l’espace régional. Malgré les accusations, Shegun Bakari réitère l’attachement du Bénin à la diplomatie et au dialogue. Il assure que « le Bénin continuera d’avoir une approche pacifique et constructive » face aux défis actuels.