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Pour Jean-Michel Abimbola, le Kataklè retrouve « sa place légitime »

Arts, BéninPlus d’un siècle après son pillage, le Kataklè, emblématique siège royal à trois pieds du royaume du Dahomey, a officiellement été restitué au Bénin. Un geste hautement symbolique, célébré le 13 mai 2025 à la Présidence de la République du Bénin, en présence de la ministre finlandaise de la Culture, Mari-Leena Talvitie, et de son homologue béninois, Jean-Michel Abimbola, qui y voit bien plus qu’un simple retour d’objet.

Le cérémonial était sobre, mais chargé d’émotion et de solennité. Devant un parterre de membres du gouvernement, d’acteurs culturels, d’historiens et de conservateurs, le Bénin a accueilli une nouvelle pièce maîtresse de son patrimoine : le Kataklè. Ce siège, utilisé lors des rituels princiers à la cour royale d’Abomey, avait quitté le territoire il y a 133 ans, dans le sillage des campagnes coloniales. Il reposait depuis au Musée national de Finlande, où il a été localisé grâce à un minutieux travail de recherche et de coopération internationale.

Une restitution, une exigence

Pour le ministre béninois du Tourisme, de la Culture et des Arts, Jean-Michel Abimbola, la portée de cette restitution dépasse le simple retour d’un bien culturel. Dans un discours à la tonalité politique assumée, il a salué un acte qui « nous engage, qui nous élève et qui nous oblige », soulignant l’importance de la traçabilité, du dialogue muséal et de la mobilisation de la diaspora dans ce processus de réappropriation.

Ce Kataklè, modeste par son apparence, incarne une profondeur symbolique immense, a-t-il précisé. Pour le ministre de la Culture du Bénin, l’œuvre vient enrichir notre mémoire vivante, réintégrer notre récit national et nourrir la transmission aux générations futures. Dans sa conception, la restitution n’est pas une fin en soi, mais une étape dans une stratégie plus vaste, amorcée depuis 2016, visant à renforcer les collections nationales et à réaffirmer la souveraineté culturelle du Bénin.

Le patrimoine comme levier diplomatique

La restitution du Kataklè s’inscrit dans une dynamique initiée par le président Patrice Talon, qui avait déjà obtenu en 2021 le retour de vingt-six œuvres majeures du patrimoine royal. Elle marque aussi l’élargissement géographique des coopérations patrimoniales au-delà de l’ancienne puissance coloniale française. La Finlande, en restituant cette pièce, devient un partenaire culturel à part entière dans la redéfinition du rapport entre l’Afrique et ses anciens dépositaires d’objets spoliés.

Jean-Michel Abimbola évoque d’ailleurs « le début d’une collaboration fructueuse entre conservateurs, restaurateurs, médiateurs culturels et historiens de l’art » des deux pays. Le Kataklè, désormais entre les mains du Bénin, s’apprête, selon le ministre, « à retrouver sa place légitime auprès des vingt-six œuvres déjà restituées, sur la terre qui les a vues naître ».

L’héritage, un bien vivant

Mais le ministre le martèle, il ne suffit pas de rapatrier mais il faut aussi transmettre. « L’héritage culturel n’est vivant que s’il est partagé, transmis, interprété à la lumière des enjeux contemporains », a-t-il déclaré. La restitution, dans cette perspective, devient un outil de réactivation identitaire, mais aussi un levier diplomatique, éducatif et économique.

Le Kataklè retrouve sa terre d’origine. Et avec lui, c’est toute une mémoire collective que le Bénin remet debout. Pour Jean-Michel Abimbola, l’enjeu est d’affirmer une souveraineté culturelle pleinement assumée, à la croisée du passé glorieux et des ambitions futures. Une vision résolument panafricaine, que le Bénin entend continuer de porter sur la scène internationale.

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