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Jour 4 – Procès Dangnivo : Des contradictions entre colonels, audience reportée au 8 avril

Justice, Bénin L’audience du mardi 19 mars 2025, relative à la disparition de Pierre Urbain Dangnivo, a mis en lumière des divergences marquées entre deux anciens responsables de la gendarmerie. Ces contradictions ont ajouté de nouvelles interrogations au dossier, poussant le tribunal de Cotonou à suspendre les débats. La reprise est prévue pour le 8 avril, après l’exécution des mesures d’instruction complémentaires ordonnées par le juge.

Seul témoin entendu lors de cette quatrième journée de procès, le colonel Firmin Boko a pris la parole en sa qualité d’ancien président de la commission d’enquête sur cette affaire.

Un témoignage détaillé mais contesté

Devant la cour, il a retracé les grandes lignes de l’investigation qu’il a dirigée en 2010, alors qu’il était capitaine de la gendarmerie. Son équipe, constituée de policiers et de gendarmes, avait été mise en place à la suite d’une plainte déposée par la famille de la victime et sur instruction de la procureure de la République de l’époque.

D’après lui, les premiers éléments d’enquête ont établi un lien entre Pierre Urbain Dangnivo et Codjo Alofa, suspect principal. Les enquêteurs ont relevé de nombreux échanges entre les deux hommes. Une femme qui aurait communiqué avec Dangnivo peu avant sa disparition avait également été interrogée avant d’être relâchée, faute d’éléments probants.

Le colonel Boko a aussi mentionné un témoignage clé, celui d’Evouna Prizo, un ressortissant camerounais qui détenait un téléphone appartenant à la victime. Il aurait affirmé avoir vu, le 18 août 2010, Codjo Alofa en compagnie de deux autres individus, Polo et Isidore, à bord d’un véhicule Audi 90 utilisé par Dangnivo. Toutefois, ce véhicule n’a jamais été retrouvé.

Des déclarations divergentes entre colonels

Certains éléments avancés par Firmin Boko ont été en contradiction avec les propos d’un autre officier supérieur, Sévérin Koumassègbo, qui occupait à l’époque le poste de chef de la sécurité présidentielle.

Selon Firmin Boko, son équipe s’était rendue une fois au bureau de Sévérin Koumassègbo, à la présidence, dans le cadre de l’enquête. Or, ce dernier, lors de son audition antérieure, avait nié avoir reçu la commission d’enquête.

Un autre point de désaccord concerne Donatien Amoussou. L’ancien chef de la sécurité présidentielle a affirmé qu’il avait lui-même présenté Amoussou aux enquêteurs. Cette version a été formellement contestée par Firmin Boko.

Lorsque le tribunal a demandé au colonel Boko si Alofa et Amoussou se connaissaient uniquement par l’intermédiaire d’un certain Polo, il a hésité avant de répondre qu’il s’agissait d’une possibilité, sans pouvoir l’attester avec certitude.

Face à ces incohérences, le président du tribunal a confronté Firmin Boko aux déclarations de Sévérin Koumassègbo pour clarifier les faits. L’ancien capitaine de la gendarmerie a déclaré qu’il ne se souvenait pas de tous les détails et que les actions de Sévérin Koumassègbo n’engageaient pas la commission d’enquête, laquelle ne répondait que devant le procureur de la République.

De nombreuses zones d’ombre sur les circonstances du crime

Le témoin a maintenu que Codjo Alofa avait pris une part active dans l’assassinat de Pierre Urbain Dangnivo et que la victime avait été étranglée. Cependant, il a admis que cette version reposait uniquement sur les déclarations d’Alofa, en l’absence d’expertise toxicologique pouvant confirmer ces faits.

Un autre point a attiré l’attention : c’est Alofa lui-même qui aurait conduit les enquêteurs sur le site de Womey, où le corps de la victime a été exhumé. Toutefois, aucun acte de perquisition n’a été mené au domicile du suspect après son arrestation, selon Firmin Boko.

Par ailleurs, Codjo Alofa et Donatien Amoussou ont réfuté certains propos du colonel Boko, affirmant que des inexactitudes avaient été avancées. Néanmoins, en réponse à une question de Me Aboubacar Babarapé, l’ancien capitaine de gendarmerie a réaffirmé qu’il était convaincu de la culpabilité d’Alofa.

Audience suspendue, reprise prévue pour le 8 avril

Dès l’ouverture de l’audience du 19 mars, le président du tribunal a annoncé avoir ordonné des mesures d’instruction complémentaires. Le ministère public a pris acte de cette décision avant d’écouter le témoignage du colonel Firmin Boko.

En fin d’audience, le juge a interrogé le procureur sur le temps nécessaire à l’exécution de ces mesures. Celui-ci a estimé qu’il lui faudrait entre deux et quatre jours pour effectuer les démarches administratives et environ deux semaines pour mener les nouvelles investigations.

Sur cette base, le tribunal a suspendu les débats et fixé la reprise du procès au mardi 8 avril 2025. Cette prochaine audience pourrait permettre d’éclaircir plusieurs zones d’ombre qui persistent dans cette affaire, près de 15 ans après la disparition de Pierre Urbain Dangnivo.

PROPOSÉ PAR DB, COLLABORATEUR EXTÉRIEUR

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