Gouvernance, Bénin – Le gouvernement béninois a prononcé, lors du Conseil des ministres du 14 mai 2025, la révocation des Secrétaires exécutives des communes d’Adjarra et de Toucountouna. En toile de fond : des pratiques de gestion jugées frauduleuses, mêlant surfacturation, falsification de documents administratifs et utilisation indue de fonds publics.
C’est une décision qui en dit long sur la volonté des autorités béninoises de réaffirmer le principe de redevabilité dans l’administration territoriale. À l’issue du Conseil des ministres de ce mercredi, deux figures de l’appareil communal sont tombées, emportées par des affaires de malversations financières. Leurs noms ne sont pas publiquement livrés, mais les faits évoqués sont suffisamment graves pour justifier la sanction maximale : la révocation.
Adjarra : une affaire de surfacturation et de commissions occultes
À Adjarra, dans le département de l’Ouémé, la Secrétaire exécutive est accusée d’avoir orchestré, avec le Directeur du développement local et de la planification, une surfacturation sur deux prestations facturées à la commune. Montant du préjudice : trois millions de francs CFA.
Selon les conclusions d’une mission de l’Inspection générale des finances (IGF) en décembre 2024, une commission d’un million de francs aurait été négociée auprès du prestataire, dont 800 000 FCFA effectivement versés. Mais un désaccord sur le partage du butin a fini par exposer le stratagème, révélant les tensions et la fragilité des équilibres internes dans certaines équipes municipales.
Toucountouna : falsification d’arrêté préfectoral et détournement de fonds
Le cas de Toucountouna, dans l’Atacora, mêle falsification et gestion opaque. En juillet 2024, une délégation de cette commune a effectué un déplacement officiel en Belgique. La délibération du Conseil communal, validée par arrêté préfectoral, ne prévoyait initialement aucun financement par le budget communal. Pourtant, la Secrétaire exécutive aurait, après coup, modifié ledit arrêté pour y introduire un article chargeant la commune des frais liés à la mission.
Résultat, un premier décaissement de 602 000 FCFA, suivi d’une tentative d’ordonnancement de près de 995.000 de francs supplémentaires. C’est à ce stade que la Trésorerie communale a décelé la fraude. Malgré une mise en demeure du préfet, la responsable n’a procédé à aucun remboursement, jusqu’à l’intervention de la Cellule nationale de suivi des communes fin mars 2025.
Dans les deux cas, le Conseil des ministres a estimé que les faits constituaient des manquements graves aux règles de gestion publique. Au-delà des sanctions administratives, des poursuites judiciaires sont annoncées à l’encontre de toutes les parties impliquées, prestataires compris.