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Bénin – Budgets communaux : 80 milliards FCFA de trésorerie non consommée au 31 décembre 2024

Gouvernance, Bénin Quelques mois après la clôture de l’exercice budgétaire 2024, le diagnostic dressé par le Trésor public béninois sur la gestion des finances locales révèle une réalité préoccupante : malgré des ressources record, les communes béninoises peinent à transformer l’essai en matière d’investissement.

Alors que les perspectives économiques du Bénin affichent une croissance soutenue, les finances locales, elles, tardent à décoller. Récemment publiée, la note de conjoncture sur les finances locales de la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique (DGTCP) offre un regard sans concession sur la gestion budgétaire des 77 communes du pays au titre de l’exercice 2024. En savoir plus.

Un volume de ressources jamais atteint

En matière d’investissement, les ressources mobilisées, provenant en grande partie de subventions et de dons de l’État et de ses partenaires, ont franchi un seuil symbolique. Les recettes exécutées culminent à 36,57 milliards FCFA, en hausse de 19,5 % par rapport à 2023. Les dépenses, quant à elles, atteignent 42,34 milliards FCFA, soit plus du double de l’année précédente. Mais, en valeur relative, ces chiffres ne représentent que 19,5 % (recettes) et 22,4 % (dépenses) des prévisions budgétaires. Un taux d’exécution qui interroge.

Cette sous-performance contraste avec l’effort consenti par l’État central, qui a versé 32,95 milliards FCFA de subventions et de dotations d’investissement, tandis qu’une quinzaine de communes ont mobilisé 3,63 milliards FCFA sur leurs excédents de fonctionnement pour financer des projets locaux. Autre fait notable, plus de 56,46 % des dotations sont allées aux communes du nord. Celles dites à statut ordinaire ont capté 57,47 % des enveloppes, loin devant les communes à statut particulier, dont la part, bien qu’en hausse, reste marginale (7,17 %).

Le rapport du Trésor souligne également une concentration des dépenses d’investissement dans une poignée de communes. Dix d’entre elles, dont Cotonou (24 %), Abomey-Calavi (5 %), Dassa-Zoumè (3 %), Bassila (3 %) et les communes de Bohicon, Parakou, Boukoumbé, Péhunco, Ouaké et Porto-Novo — qui ferment la marche avec un montant moyen de 0,83 milliard FCFA représentant un poids de 2 % — concentrent près de la moitié (47 %) des dépenses d’investissement.

Des projets qui peinent à voir le jour

Par nature économique, les investissements réalisés en 2024 ont majoritairement porté sur les bâtiments administratifs — notamment la construction des hôtels de ville et des mairies (8,49 milliards FCFA), les ouvrages d’art, l’assainissement et l’adduction d’eau (7,22 milliards FCFA), ainsi que les bâtiments commerciaux (1,57 milliard FCFA). Les autres dépenses ont fortement augmenté (+492 %), passant de 2,28 à 13,53 milliards FCFA.

Mais ces réalisations ponctuelles masquent une autre réalité. La majorité des ressources disponibles n’est pas utilisée. À la fin de l’exercice, les communes affichaient encore une trésorerie excédentaire de 80,32 milliards FCFA, dont 43,70 milliards FCFA (54,4 % du total) pour les communes ordinaires, et 32,09 milliards FCFA pour les communes à statut intermédiaire. Selon la note du Trésor, cela traduit une faible capacité d’absorption, une situation déjà observée en 2022 et 2023, sans amélioration notable.

Une trésorerie inefficace

D’après la note du Trésor, l’analyse de la gestion des ressources d’investissement disponibles en 2024 met en évidence une « trésorerie inefficace ». Cette gestion, précise-t-elle, est caractérisée par des disponibilités élevées tout au long de l’année. Les encaissements ont été réguliers, notamment grâce aux importantes dotations et subventions de l’État et des partenaires techniques et financiers. En revanche, les décaissements sont restés relativement faibles, surtout au cours des trois premiers trimestres.

Il est fort probable que ces investissements aient été insuffisants pour garantir la fourniture de biens socio-économiques aux populations et soutenir la dynamique de l’économie locale — pourtant estimée à 188,99 milliards FCFA de prévisions budgétaires pour l’ensemble des communes en 2024. Cette situation, plus marquée dans les communes à statut intermédiaire et ordinaire, évoque une incapacité persistante à consommer les ressources mobilisées, en majorité issues de l’extérieur.

Enfin, la question de l’endettement demeure un angle mort du débat sur la décentralisation. Alors que plusieurs pays africains explorent des mécanismes de financement innovants à l’échelle locale, les communes béninoises restent prisonnières d’un modèle fondé quasi exclusivement sur les dotations de l’État et les recettes propres. La DGTCP souligne que « les recommandations issues de ladite étude permettront aux communes de renouer avec une consommation efficace des ressources mobilisées et d’envisager des investissements structurants via le recours à l’emprunt ».

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