Politique, Bénin –Trois jours après l’auto-saisine du HCPC, l’Assemblée nationale du Bénin a adopté, ce vendredi 4 juillet, une résolution instituant une commission d’enquête parlementaire comme le réclament les députés du parti d’opposition Les Démocrates. Objectif : passer au crible la gestion des ressources publiques affectées aux secteurs de l’eau et de l’électricité à Parakou entre 2016 et 2025. Une réponse directe aux accusations de détournement lancées – puis rétractées – par l’ex-ministre Paulin Akponna.
Le message est limpide : la République ne se satisfait plus des volte-face. En initiant une commission d’enquête, le Parlement béninois traduit en acte la gravité perçue des propos tenus par Paulin Akponna, ex-titulaire du portefeuille de l’Énergie, de l’Eau et des Mines, sur de présumés détournements massifs dans les grands projets d’infrastructures à Parakou. Une semaine plus tôt, l’intéressé s’était publiquement ravisé. Mais trop tard.
Un mandat aux contours clairs
La résolution n°2025-01, adoptée à l’unanimité, confie à la commission le soin de faire la lumière sur la décennie de gestion des fonds destinés à la fourniture d’eau potable et d’électricité dans la ville considérée comme la capitale du département du Borgou. Sont prévus : la vérification des procédures de passation de marchés, l’examen des avenants contractuels, l’évaluation technique et financière des ouvrages réalisés ou en cours, ainsi que l’audition de tout acteur jugé pertinent.
Contrairement à la commission technique mise sur pied par le Haut Commissariat à la Prévention de la Corruption (HCPC)(LMBJ 04/07/2025), celle du Parlement dispose d’un champ d’action plus politique. Elle pourra convoquer aussi bien les anciens ministres que les entreprises adjudicataires ou les responsables techniques.
Trois mois pour faire la lumière
Composée de dix députés représentant équitablement les trois groupes parlementaires (UP-R, BR, LD), la commission disposera de trois mois pour remettre son rapport, avec une possible prorogation d’un mois maximum. Son bureau – cinq membres élus en son sein – reflétera lui aussi la configuration politique de l’hémicycle. Les coûts liés à son fonctionnement seront supportés par le budget de l’Assemblée.
Avec cette initiative, le Parlement béninois confirme sa posture d’organe de contrôle républicain. En poursuivant son action malgré celle du HCPC, il envoie un signal institutionnel fort : plus aucune dénonciation de corruption, même rétractée, ne restera sans suite. Reste à savoir si cette volonté d’enquête débouchera sur des recommandations suivies d’effets — ou sur de véritables poursuites.