Le Parlement béninois se réunit aujourd’hui en session extraordinaire pour discuter d’une proposition de loi qui pourrait marquer un tournant historique pour le pays : la reconnaissance de la nationalité béninoise aux Afro-descendants. Présenté par le gouvernement en Conseil des ministres le mercredi 8 mai dernier, ce projet de loi définit les conditions d’obtention de la nationalité béninoise pour les Afro-descendants. Le jeudi 20 juin 2024, le ministre de la Justice, Yvon Détchénou, a répondu aux questions du député de l’opposition Eric Houndété, apportant des éclaircissements essentiels sur les raisons et les motivations de ce projet de loi. Retour sur les explications du ministre.
Réparer les injustices du passé
Le ministre a rappelé que le Bénin, anciennement le Dahomey, était un des principaux points de départ des esclaves africains. En reconnaissant la nationalité béninoise aux Afro-descendants, le pays cherche à réparer symboliquement les injustices du passé. Les liens historiques, culturels et affectifs que ces descendants entretiennent avec l’Afrique subsaharienne, et plus particulièrement avec le Bénin, justifient pleinement cette démarche.
Une quête identitaire légitime
Malgré les siècles de séparation et les politiques visant à effacer leurs identités, les Afro-descendants continuent de chercher leurs racines africaines à travers l’histoire, les arts et les cultes. Le ministre Détchénou a souligné que ce projet de loi répond au désir de reconnaissance et d’appartenance exprimé par ces communautés, rendant hommage à leurs ancêtres arrachés à leurs terres natales.
Aussi, le projet de loi ne vise pas à octroyer une nationalité pleine et entière avec tous ses droits et devoirs, mais plutôt une nationalité symbolique. Les bénéficiaires, d’après Yvon Detchenou, ne pourront ni voter ni occuper des postes publics, mais cette reconnaissance officielle représente un geste fort de réconciliation et de reconnaissance historique. C’est une manière de réaffirmer que ces descendants font partie intégrante de l’histoire béninoise.
Pour être considéré comme Afro-descendant selon ce projet de loi, il faut prouver un ascendant africain déporté dans le cadre de la traite des Noirs. Cette preuve peut être fournie par des documents d’état civil, des témoignages ou des moyens scientifiques. Le ministre a précisé que ces détails seront discutés en commission et en plénière, permettant ainsi une évaluation rigoureuse et exhaustive des critères proposés.
Soutien à la politique culturelle et touristique
Le ministre a également mis en avant l’importance du projet de loi dans le cadre de la politique culturelle et touristique du gouvernement béninois. Il soutient qu’en ouvrant la voie à une reconnaissance officielle des Afro-descendants, le pays renforce ses liens avec la diaspora africaine et enrichit son patrimoine culturel. C’est un moyen de faire du Bénin un pôle attractif pour les descendants d’esclaves en quête de leurs racines, renforçant ainsi le tourisme mémoriel et culturel.
Le projet de loi sur la reconnaissance de la nationalité béninoise aux Afro-descendants représente donc un pas significatif vers la justice et la réconciliation historique. Il permet de renouer des liens culturels et historiques avec la diaspora et de redéfinir l’identité nationale dans une perspective inclusive. Le gouvernement béninois, en initiant ce projet de loi, s’apprête à écrire une nouvelle page de l’histoire du pays, marquée par la mémoire et l’espoir d’un avenir partagé.