Gouvernance, Bénin – Le potentiel économique et social des Béninois de l’étranger reste largement sous-exploité. C’est le constat dressé par la Direction Générale de l’Économie (DGE) dans sa dernière note de politique économique, publiée le 10 mars 2025, sous le thème « Capitaliser sur l’énorme potentiel inexploité de la diaspora pour le développement économique et social au Bénin ».
Alors que des pays comme le Ghana, le Sénégal et le Nigeria ont déjà mis en place des politiques dynamiques pour mobiliser leurs diasporas, le Bénin doit encore franchir un cap décisif pour transformer ses expatriés en véritables acteurs du développement national.
Une agence dédiée à la diaspora
L’un des principaux défis reste l’absence d’une structure centralisée pour coordonner les initiatives en faveur de la diaspora. « Identifier et cartographier la diaspora béninoise » est un préalable essentiel, selon la note de la DGE. Une agence rattachée à la Présidence de la République pourrait jouer ce rôle, en assurant un suivi permanent et en proposant des incitations attractives pour l’investissement.
À l’image du Sénégal, qui a mis en place un Fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’extérieur, le Bénin pourrait instaurer un mécanisme similaire, avec des avantages fiscaux et des facilités de financement pour les Béninois souhaitant investir dans des secteurs stratégiques. Chaque année, des Journées Bénin-Diaspora pourraient être organisées pour connecter entrepreneurs locaux et investisseurs de la diaspora. L’objectif, selon le document de 2 000 mots de la DGE, est de transformer l’épargne des Béninois de l’étranger en moteur de croissance nationale.
S’appuyer sur l’expertise de la diaspora
Le Bénin compte une diaspora universitaire et scientifique de haut niveau. Pourtant, cette richesse intellectuelle reste trop souvent éloignée des réalités du pays. La DGE suggère de « renforcer le capital humain au Bénin et le partage des connaissances et des compétences » en développant des programmes de formation impliquant les enseignants et chercheurs béninois de l’étranger. Des partenariats avec des universités de renom pourraient également être noués pour offrir aux étudiants béninois des formations d’excellence.
Parmi les recommandations de la DGE, le secteur de la santé pourrait aussi bénéficier d’un programme de mobilité médicale, permettant aux médecins béninois de l’étranger d’effectuer des missions de plusieurs mois dans les hôpitaux du pays. Un tel dispositif favoriserait le transfert de compétences et l’introduction de nouvelles technologies médicales, améliorant ainsi la qualité des soins.
Renforcer les liens entre le Bénin et sa diaspora
L’implication politique de la diaspora est un levier souvent négligé. Pourtant, lui accorder une représentation officielle pourrait être un signal fort. À l’instar du Sénégal, qui réserve des sièges à ses expatriés au Parlement, le Bénin pourrait suivre cette voie. La note de la DGE estime que cela permettrait de « défendre des mesures en faveur de l’implication de la diaspora dans le processus de développement économique et social du pays ».
Avec plus d’un million de Béninois vivant hors du territoire, leur contribution ne doit plus se limiter aux transferts de fonds. Une politique ambitieuse, structurée et proactive pourrait faire de cette diaspora un véritable pilier du développement national. À l’État d’impulser cette dynamique et aux Béninois de l’étranger de saisir pleinement leur rôle dans la construction de l’avenir du pays.
