Internet, Bénin – Le 30 avril 2025, le Groupe Vivendi Africa (GVA) a lancé Canalbox, son offre d’internet très haut débit par fibre optique, faisant ainsi son entrée sur le marché béninois, un terrain encore largement dominé par deux acteurs majeurs : la Société Béninoise d’Infrastructures Numériques (SBIN) et ISOCEL Télécom.
Le marché de l’internet fixe au Bénin connaît une croissance remarquable. Selon le dernier rapport de l’Autorité de Régulation des Communications Électroniques et de la Poste (ARCEP), le nombre d’abonnés est passé de 24 113 en 2023 à 40 117 en 2024, soit une progression de plus de 66 %. Cette dynamique est portée en grande partie par la technologie FTTH (Fiber to the Home), qui représente désormais 70 % des abonnements, reléguant les anciennes technologies comme l’ADSL et le LTE au second plan.
Cependant, cette expansion s’opère dans un contexte de forte concentration. SBIN, opérateur public, détient 81 % des parts du marché FTTH, tandis qu’ISOCEL Bénin, en détient 19 %. Ce duopole entraîne une offre parfois jugée insuffisamment diversifiée, avec des critiques récurrentes sur les délais de raccordement et la qualité du service.
Canalbox : une rupture annoncée, mais un défi de taille
L’arrivée de Canalbox dans cet environnement quasi monopolistique n’est pas anodine. Déjà présent dans huit pays africains, l’opérateur affiche des ambitions claires : déployer 400 kilomètres de fibre optique en 18 mois et raccorder 100 000 foyers dans les communes de Cotonou et Abomey-Calavi, avec un objectif final de 700 000 foyers connectés. L’intention est de s’imposer rapidement dans les zones urbaines.
Cependant, la tâche s’annonce ardue. Le marché béninois reste marqué par des habitudes de consommation bien établies. Au-delà de la concurrence directe avec SBIN et ISOCEL, Canalbox devra répondre à des exigences techniques élevées pour espérer s’y ancrer durablement.
En 2024, selon les données de l’ARCEP, le chiffre d’affaires du marché de l’internet fixe a atteint 13,3 milliards de FCFA, enregistrant une hausse de 22,4 % par rapport à l’année précédente. Si les perspectives de croissance demeurent prometteuses, elles n’en restent pas moins incertaines. Et c’est bien le consommateur qui, in fine, en sera l’arbitre.
Alors Canalbox saura-t-il résister aux pressions d’un marché déjà saturé et faire entendre sa voix dans un environnement où, depuis des années, deux opérateurs dominent sans partage ? À suivre.