Politique, Bénin – Le samedi 30 novembre 2024, le parti Les Patriotes – Rassemblement des Kérékouistes (LP-RK) a été officiellement porté sur les fonds baptismaux à Porto-Novo. Sous la houlette de l’ambassadeur Moïse Kérékou, fils de l’ancien président Mathieu Kérékou, ce parti se présente comme l’héritier d’une vision humaniste et patriotique. Cependant, en dépit des ambitions affichées lors de la cérémonie, l’arrivée du LP-RK suscite davantage de scepticisme que d’enthousiasme.
À une époque où les réformes politiques privilégient la consolidation de grands regroupements, ce nouveau parti semble malheureusement s’inscrire dans une logique de fragmentation, condamnant ainsi son avenir.
Un projet sans originalité ni force mobilisatrice
Le LP-RK, issu de la transformation du Mouvement pour la Relève (MPR), se présente comme le prolongement d’un mouvement politique qui n’a jamais réussi à s’imposer sur la scène nationale. Après 14 ans d’existence, le MPR n’a pas su constituer une base militante suffisamment solide ni se distinguer par des actions politiques marquantes. Le passage au statut de parti politique n’y change rien.
En dépit des discours ambitieux tenus par ses dirigeants lors du lancement, les objectifs affichés par le LP-RK manquent de substance. Promettre de faire de ce parti la première force politique du Bénin d’ici 2026 relève d’une déclaration purement rhétorique, déconnectée des moyens et des stratégies nécessaires pour y parvenir. De plus, l’équipe dirigeante, composée de figures peu connues et dépourvues d’ancrage politique significatif, peine à incarner un leadership crédible.
Un contexte peu favorable aux micro-partis
À travers les réformes du système partisan, le Bénin a opté pour la consolidation des grands partis afin de mieux structurer la vie politique et offrir des alternatives claires aux électeurs. Dans ce cadre, la création d’un énième parti de niche apparaît comme une initiative anachronique.
Le LP-RK ne semble pas en mesure de mobiliser les masses, encore moins de s’imposer comme un acteur majeur. Sa stratégie, fondée sur la nostalgie de l’héritage de Mathieu Kérékou, manque de profondeur et d’adaptabilité face aux enjeux contemporains. Les électeurs béninois, de plus en plus exigeants, attendent désormais des regroupements politiques solides, ce qui fait cruellement défaut au LP-RK.
La prolifération des micro-partis, tels que le LP-RK, constitue un frein à la dynamique de structuration souhaitée par les réformes, lesquelles, malgré leurs insuffisances, méritent une continuité. Au lieu de renforcer le paysage politique, ces initiatives dispersent les énergies et diluent l’impact des véritables forces politiques.
Pour le LP-RK, la question se pose : quelle base électorale réelle peut-il espérer conquérir ? Et surtout, quel projet concret propose-t-il pour répondre aux défis économiques, sociaux et politiques du pays ? Les réponses apportées par ses dirigeants le samedi dernier à Porto-Novo demeurent floues et peu convaincantes.
Un avenir incertain
Le LP-RK, malgré son ambition de porter l’héritage de Mathieu Kérékou, ne semble pas taillé pour jouer un rôle significatif dans le paysage politique béninois. En l’absence d’une vision claire, d’une base militante solide et d’un leadership fort, ce parti risque de rejoindre la longue liste des formations politiques éphémères.
Dans un contexte où le Bénin a besoin de partis structurés, capables de porter des projets ambitieux, le LP-RK apparaît comme un acteur de trop, un frein à la consolidation de la vie politique. Si l’ambassadeur Moïse Kérékou souhaite réellement honorer l’héritage de son père, il serait plus avisé de s’inscrire dans une logique de rassemblement plutôt que de division.
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