Opinion, Bénin – Dans une tribune exclusive consultée par La Marina BJ, le député du parti Bloc Républicain, Assan Seibou, réagit vivement aux récentes déclarations de l’ex-président de l’Assemblée nationale, Maître Adrien Houngbédji.
Intitulée “Les propos de Maître Adrien Houngbédji : Une migration politique en perspective ?“, cette analyse révèle les contradictions et ambiguïtés des prises de position du leader de l’ex Parti du Renouveau Démocratique (PRD).
Les coups d’État, les complots et l’exclusion
Le député commence par relever une contradiction majeure dans les propos de Me Adrien Houngbédji. Ce dernier, selon l’auteur de la tribune, qui avait pourtant affirmé évoquant les points de rêve de son ex-parti politique que le PRD disait “non aux coups d’État”, semble justifier un complot visant à renverser le président Patrice Talon.
Pour l’honorable Assan Seibou, cette position est incompatible avec les principes démocratiques. Selon le député : “Pour un véritable démocrate, aucune raison au monde ne peut justifier un quelconque coup d’État.” Il s’interroge même sur la sincérité du combat démocratique de Houngbédji, suggérant que ce dernier pourrait avoir changé sa conception des coups d’État après des décennies d’expérience politique. Toujours sur ce sujet, Assan Seibou n’y va pas par quatre chemins en précisant qu'”avec cette position, il sera difficile de classer Houngbédji parmi les vrais démocrates au Bénin.”
Un autre point accrocheur de la tribune est la remise en question par Me Adrien Houngbédji de la réalité de l’affaire de complot contre la sûreté de l’État, jugée il y a une semaine et qui s’est soldée par la condamnation de l’homme d’affaires Olivier Boko et Oswald HOMEKY. Assan Seibou trouve cette position perturbante, surtout venant d’un éminent avocat et ancien magistrat.
“Ni plus, ni moins, cette appréciation du dossier jugé signifierait que ce qui a été dit dans ce procès était faux ; il n’y aurait pas de complot contre la sûreté de l’État”, écrit-il. Le député demande à l’ancien président de l’Assemblée nationale de clarifier sa position, notamment sur ce qui est faux dans les informations versées ou livrées dans ce procès. “Il doit en savoir quelque chose”, selon Assan Seibou.
Assan Seibou s’attarde également sur l’utilisation du terme “exclusion” par Me Adrien Houngbédji pour décrire la gouvernance du président Patrice Talon. “L’expression ‘exclusion’ par la gouvernance, sortie de la bouche du président Houngbédji parlant de celle de Talon, est bouleversante pour toute personne de la mouvance”, souligne-t-il. Le député rappelle que Me Adrien Houngbédji a été intimement lié à la gestion du pouvoir sous le régime actuel, notamment en tant que président de l’Assemblée nationale. “S’il y a eu quelque réforme dans ce pays sous le régime du président Patrice Talon, elle a eu pour socle les discours éloquents de Houngbédji”, rappelle-t-il.
Les lois décriées et les prisonniers politiques
L’honorable Assan Seibou ne manque pas de pointer du doigt le silence du président Adrien Houngbédji sur les lois qualifiées de “liberticides” par l’opposition, alors que ce dernier a participé à leur adoption. “On n’a jamais entendu Maître Houngbédji élever la voix sur une seule loi en étude à l’Assemblée. Au fait, comment celui qui a appelé à la réduction du nombre de partis politiques à 3 ou 4 peut-il vouloir s’accommoder aujourd’hui des situations antérieures ?”, note-t-il.
Concernant les prisonniers politiques, le député trouve “curieux” que le président Adrien Houngbédji n’en parle que maintenant. “Il aurait cité des exemples, qu’il édifierait mieux le peuple”, suggère-t-il, tout en rappelant que l’ancien président de l’Assemblée nationale n’a jamais protesté contre la détention de Joël Aïvo ou Reckyatou Madougou, souvent brandis comme des prisonniers politiques par l’opposition. “Il cherche une nouvelle virginité à Porto-Novo”, précise Assan Seibou. “Il voudrait charmer les Ouéménou en montrant qu’il est préoccupé par la situation de Aïvo et pourrait ressusciter le PRD avec ses rêves. Non !!!” insiste l’honorable député dans sa tribune.
Sur la question des exilés politiques, le député Assan Seibou rappelle que l’ex-président de l’Assemblée nationale Adrien Houngbédji lui-même a connu l’exil avant 1990. Cependant, il insiste sur la nécessité de clarifier ce terme car, d’après l’auteur de la tribune, “le motif de son opinion doit être le seul fondement de l’exil de la personne. Donc, si quelqu’un a fui un procès ou son emprisonnement dans une affaire de délit ou crime de droit commun, il n’est pas un exilé politique, même si c’est un éminent homme politique, opposant ou non.”
Le député demande à Me Adrien Houngbédji de fournir une liste des exilés politiques actuels tout en pariant “qu’il ne trouvera personne”. Assan Seibou indique qu’on se rendra compte “que pour certains, ils ne sont poursuivis par personne, mais ils profitent du statut de réfugiés qui leur est accordé par les autres pour faire leurs affaires. Et pour d’autres, ils sont poursuivis ou condamnés dans des dossiers d’infractions établies par le code pénal du Bénin. Ils le sont pour divers motifs. Donc ils s’évitent la prison. On devrait les appeler plutôt des ‘exilés de droit commun’ et non des exilés politiques.” Et d’après le député, Me Adrien Houngbédji sait tout ça.
Un repositionnement en vue ?
Enfin, l’honorable Assan Seibou exprime sa surprise face au doute de Me Adrien Houngbédji sur la fusion du PRD avec l’Union Progressiste. “Je ne suis même pas sûr que le PRD ait fusionné”, déclarait l’ancien président de l’Assemblée nationale. Pour le député Assan Seibou, cette déclaration laisse penser que la fusion aurait été une “farce” ou une “acrobatie” pour éviter la dissolution du PRD.
“Manifestement, le PRD est désormais différent de l’UPR”, conclut-il, tout en laissant entendre que les propos d’Adrien Houngbédji en cette soirée ne sont pas prononcés en l’air, ils seront suivis de quelque chose qu’il faut avoir la patience d’attendre.
Assan Seibou conclut sa tribune en soulignant que les déclarations du président Adrien Houngbédji semblent marquer un tournant dans son positionnement politique. “Le moment qu’il a retenu pour sortir ces déclarations est judicieusement choisi”, écrit-il, suggérant que ces propos pourraient être une réponse à l’appel d’Olivier Boko lors du procès du complot contre la sûreté de l’État. Pour Assan Seibou, il s’agit d’un “bain de jouvence” pour le PRD, qui pourrait s’extirper de l’UPR et migrer vers d’autres pôles politiques, voire vers l’opposition.